Saints Pierre et Paul ont un point commun : ce sont des caractères forts, ils sont appelés dans des circonstances éprouvantes à faire de la place à Jésus dans leur vie, en accueillant leur faiblesse cachée pour recevoir la force de Dieu, plus forte et plus douce que leur force humaine.
Pierre est le chef, le dirigeant de l’entreprise familiale de pêche, le porte-parole du groupe des apôtres, il se lance hors de la barque pour rejoindre Jésus en marchant sur l’eau, mais le vent et les vagues sont plus forts que son assurance, il s’enfonce et crie vers Jésus : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (Mt 14,30). Les évangiles disent en vérité la miséricorde de Dieu pour les faiblesses des hommes.
L’évangile de Marc reprend la prédication de Pierre, qui ne cache plus ses faiblesses, en particulier son triple reniement : « je ne connais pas l’homme dont vous me parlez ! ». Pierre sera réconcilié par Jésus qui lui fera dire 3 fois qu’il l’aime, au moins d’amitié, même s’il est incapable par lui-même de donner sa vie pour Jésus comme il s’en vantait : « je donnerai ma vie pour toi. » (Jn 13,37) Jésus a pour lui une autre place : « quand tu seras revenu, affermis tes frères ! » (Lc 22, 31-32). Voilà, disait Jean-Paul II, la promesse de Jésus, notre certitude réconfortante : le ministère de Pierre ne se fonde pas sur la capacité et sur les forces humaines, mais sur la prière du Christ, qui implore le Père pour que la foi de Simon « ne défaille pas » (Lc 22, 32).
Paul, ses parents juifs et honorés comme ‘citoyens romains’ l’avaient désiré et appelé Shaoul, son nom hébreu signifie demandé [sous entendu à Dieu], il devient Saulus en latin et Saul en français. Mais Saul est physiquement peu gâté par la nature, il se compare à un avorton. Il compense dans les études et l’observance pharisienne stricte, mais sa faiblesse le rattrape, et pour se moquer de lui semble-t-il on l’appelle Paulus au lieu de Saulus, les moqueurs savent déformer les noms. Paulus signifie faible, chétif. Mais Paul déteste cette faiblesse qui lui colle à la peau. Il déteste particulièrement les chrétiens, disciples d’un Messie tellement faible qu’il s’est laissé crucifier, le supplice le plus honteux et maudit par la Loi. Inexplicablement cette secte se répand et séduit des juifs, quelle horreur ! L’angoisse de disparaître produit souvent la violence. « Quant à Saul, il ravageait l’Église, il pénétrait dans les maisons, pour en arracher hommes et femmes, et les jeter en prison. » (Ac 8,3)
Saul l’intégriste inquisiteur les pourchasse jusqu’à l’étranger, lorsque, sur la route de Damas la lumière du Ressuscité l’éblouit en lui demandant : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? » Il demanda : « Qui es-tu, Seigneur ? » La voix répondit : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire. » (Ac 9, 5) Plus tard, notent le Actes, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Le persécuteur devint persécuté, dirigeant son énergie vers l’évangélisation des juifs puis des païens. Notons que les Actes l’appellent toujours Saul jusqu’au chapitre 13, puis il change de nom. « Mais Saul, appelé aussi Paul, rempli d’Esprit Saint… » Lorsqu’il reçoit l’Esprit saint pour la mission, il accepte le nom qui porte sa faiblesse, puisque sa force est en Jésus ressuscité. Il témoignera aux Corinthiens : « J’ai reçu dans ma chair une écharde, … pour empêcher que je me surestime. 08 Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2Co 12,10) Paul ira partout sans crainte porter le message d’amour qui a transformé son cœur. Il ira en Asie, c’est-à-dire en Turquie, en Macédoine, en Grèce, peut-être jusqu’en Espagne et finira son témoignage à Rome, porté par la force de l’Esprit plus doux que sa nature blessée, heureux de donner sa vie jusqu’au bout.
Et moi, est-ce que j’accepte que Jésus entre dans mes recoins sombres ? C’est là qu’il veut me dire qu’il m’aime, là où je souffre, là où j’ai peur, là oû je ne m’aime pas, lui veut faire son œuvre de salut et reposer en moi en paix. Vais-je le laisser entrer ? Jésus je crois que tu m’aimes comme je suis, mais j’ai trop peur, enlève les obstacles, apaise mes peurs, viens !