Nous avons écouté en première lecture dans le livre de Néhémie, au retour d’exil, dans une période difficile, le récit de l’accueil de la Parole de Dieu par tout un peuple en liesse. Nous qui n’aimons pas les liturgies qui durent plus d’une heure, nous serions servis ! Debout depuis le lever du jour jusqu’à midi ! Les rescapés revenus de déportation se sont rassemblés à Jérusalem pour entendre, les larmes aux yeux, la lecture solennelle de la Torah, les cinq premiers livres de la Bible. Chaque texte est lu, traduit pour ceux qui ne comprennent plus l’hébreu (on parle araméen), expliqué pour que chacun, du plus petit au plus grand, se saisisse de cette parole proclamée en liberté. On découvre ce que pourraient être (de temps en temps) nos dimanches chrétiens : un jour de partage joyeux de l’Évangile. Prendre le temps de savourer la Parole de Dieu. C’est d’ailleurs ce qu’a demandé le Pape François en clôturant l’année de la miséricorde : « Il serait bon qu’un dimanche de l’année liturgique chaque communauté puisse renouveler son engagement à diffuser, faire connaître et approfondir l’Écriture Sainte : un dimanche entièrement consacré à la Parole de Dieu pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient du dialogue permanent entre Dieu et son peuple… » (Pape François, Lettre apostolique « Misericordia et misera », (20 novembre 2016, n° 7)
Je pense à un verset du psaume 18 que nous avons lu : « Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.». Aimer Dieu de tout son cœur, aimer son prochain comme soi-même. A pratiquer ce commandement, on apprend à regarder Dieu comme un Père et les hommes comme des frères. Lorsque Jésus, à la synagogue de Nazareth ouvre le livre et trouve le passage d’Isaïe, il s’en empare et en fait un commentaire bref, mais percutant. Il dit que cette parole de l’Écriture s’accomplit aujourd’hui. Aujourd’hui, pas demain. Avec la venue de Jésus, le salut n’est plus à attendre. Il est là. Le Sauveur est là, en personne. Jésus n’est pas un simple lecteur de la Bible. Il est beaucoup plus que cela. Il ne lit pas la parole de Dieu. Il est la Parole de Dieu. Comme l’écrit saint Jean, il est le Verbe de Dieu qui s’est fait chair. « L ‘Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » Il s’agit du discours inaugural du Christ. Discours-programme, si l’on veut. Rétablir tout homme dans sa dignité, dans son intégrité. Faire des plus démunis notre souci premier. Jésus ne disserte pas sur la libération des opprimés. Il ne se contente pas de répéter le message du vieux prophète. Il guérit, il remet debout, il redonne confiance, il ouvre un avenir. Les miracles de Jésus ne sont pas des solutions, mais des signes. Les solutions ? Nous, le corps du Christ, ce Corps par lequel il est présent et actif dans le monde, nous avons à les inventer et à travailler pour le faire advenir. C’est dans notre « aujourd’hui » et par nous que le Christ vient accomplir les paroles du prophète. Comme lui et par lui, nous avons reçu l’Esprit en vue de cette tâche. Comment sommes-nous porteurs de libération pour tous ceux et celles qui désespèrent derrière les barreaux de souffrance, de solitude, d’exclusion ou d’injustice ? Et nous-mêmes, comment accueillons-nous la Bonne Nouvelle de notre libération ? De quoi avons-nous besoin d’être libérés ? Croyons-nous vraiment que cette parole du prophète Isaïe s’accomplit aujourd’hui ? « Il m’a envoyé annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. »
C’est la PAROLE que le Seigneur annonce et que nous voulons vivre AUJOURD’HUI :
Recevoir cette Parole pour moi comme une Parole d’espérance et cette semaine penser que Dieu s’occupe de moi comme si j’étais seul(e) au monde même si les circonstances semblent me prouver le contraire.
Recevoir cette Parole pour les autres et cette semaine, dire une parole et faire un geste de consolation envers un pauvre, annoncer la libération à une personne prisonnière de son quotidien morose, redonner la vue à quelqu’un replié sur lui-même qui n’est plus capable de voir un avenir à sa vie.
Quelle est belle la mission du baptisé qui a reçu l’onction du Seigneur !