C’est aujourd’hui la fête d’Aucamville, ville particulièrement animée avec sa belle église. C’est aussi la fête de la nativité de Marie. C’est aussi ma fête, il y a 35 ans que j’ai été ordonné diacre, au service du Corps du Christ, j’ai été envoyé comme Jésus vers ceux que les hommes méprisent, les SDF, les gitans, les personnes handicapées mentales, les malades physiques ou psychiques… Il y a aujourd’hui les grands, les responsables de la ville, il y a aussi les moyens, les paroissiens, il y a aussi les petits, les pauvres. Les hommes aiment les grands, Dieu préfère les petits. Les fêtes sont importantes, ce sont des occasions pour tous de se rencontrer, de se parler, se connaître, c’est très important aujourd’hui.
Le psaume 103 dit : « n’oublie aucun de ses bienfaits », donc c’est sérieux, il faut absolument compter. Le Seigneur a été bon pour moi tous les jours depuis que je lui ai donné ma vie, soit 35+10 ½ ans. Je calcule la bonté du Seigneur, ça fait 16 607 jours du bonheur quotidien d’être aimé, sauvé, guéri, conduit, et d’avoir rencontré tant d’amis, tous reflets de lui. Le secret du bonheur, c’est de se consacrer à Dieu, c’est-à-dire à l’amour gratuit, comme Dieu nous aime. Quels bienfaits ? j’ai échappé grâce à Dieu, et de justesse, à la folie, à la mort 2 fois, une noyade et un accident qui aurait dû me tuer, à la prison, délivré par Dieu de la honte, et maintenant de la solitude, (après les décès de ma fille et de mon épouse), je n’oublie aucun de ses bienfaits et je le remercie.
La 1e lecture nous parle de l’esclavage, qui est un problème politique, de vivre ensemble, hier et aujourd’hui. Faisons un peu de politique.
Le libéralisme capitaliste prétend donner la richesse à tous, mais la richesse rend esclave de ses biens, elle détruit la fraternité, la pub détruit la liberté, la mode pousse à acheter… et la planète meurt.
Au contraire le marxisme veut imposer l’égalité par la force, mais la force détruit la fraternité et la liberté, elle ouvre la porte à la dictature, le résultat n’est pas meilleur.
En fait, c’est le cœur de l’homme qui est malade et que Jésus vient soigner. Alors que propose-t-il ? Croire que nous avons un même Père qui nous aime tous et chacun et vivre dans la fraternité ! Voilà la politique de Dieu.
Philémon avait un esclave, qui s’appelait Onésime. L’esclavage était dur chez les romains, Maltraité, Onésime s’est échappé, et réfugié chez saint Paul. Paul lui parle de Jésus. Onésime devient chrétien. Alors Paul prend sa plume et écrit à Philémon : Onésime était ton esclave, il est devenu chrétien, comme toi, je te le renvoie, mais maintenant qu’il a la foi, accueille-le autrement. Accueille-le comme un frère bien-aimé ! D’ailleurs nous aussi nous avons des sortes d’esclaves : des peuples qui travaillent dur pour nous fournir du café, du chocolat et fabriquer nos téléphones et nos habits pour un salaire dérisoire !
– Que propose Jésus ? Jésus propose de renoncer librement, non seulement à nos esclavages et esclaves, mais à tout ce qui nous appartient ! Aïe! Vous avez entendu l’évangile d’aujourd’hui : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple ! » Aïe Aïe ! Et vous savez le geste magnifique de Jésus qui partage le pain en donnant tout ! Il lève le pain et le bénit, puis « Ceci est mon corps donné pour vous », dit Jésus en rompant le pain et donnant tout ! « Faites ceci en mémoire de moi ! »
Une vraie communauté chrétienne doit partager de plus en plus ! Est-ce un rêve utopique ? Non, puisque Jésus l’a fait, et parce que ça marche depuis 2000 ans chez les moines, les communautés religieuses, et d’autres qui décident de partager de plus en plus, leur temps, leurs outils, leurs soucis, leurs joies, leur prière, par exemple dans des associations, comme le Secours Catholique ou Emmaüs, ou des Systèmes d’échange local qui organisent des échanges de services mutuels : vous gardez mon bébé, moi je vous fais le jardin, moi, j’ai un figuier, moi j’aime bricoler, etc. Dans les coopératives on partage les salaires et les responsabilités, et notre maison de la Fraternité, ou Amitié Espérance ou Foi et Lumière avec qui j’ai la joie de partager. Est-ce que le partage ne vous donne pas de la joie ? (les mains se sont levées de chaque groupe)
La révolution de la fraternité demande que nous fassions passer en premier la fraternité, notre nature commune de fils de Dieu. C’est écrit sur le fronton de nos mairies, FRATERNITE, mais il n’est pas écrit qui est le Père ? Comment devenir frères si on ne connaît pas notre Père ? Et c’est tout un apprentissage pour changer nos réflexes et nos façons de penser. Qu’est-ce qui est bon pour mon frère ? Qu’est-ce qui est bon pour mon voisin ? Qu’est-ce qui est bon pour la planète ? Mais voilà ce qui rend heureux ! Peu à peu on peut chacun progresser grâce à la foi. Jésus raconte la parabole du « fils prodigue » avec un fils aîné jaloux du frère prodigue qui est revenu et qui est chouchouté par le Père… Jésus est au contraire un fils aîné qui va chercher la brebis perdue, son frère qui s’est éloigné. Si au contraire on s’enrichit d’argent ou de maisons, de bijoux, on grandit aussi dans la peur d’être cambriolé, de perdre ce qu’on a, on se ferme, on devient méfiant… si vous avez voyagé dans le monde, vous avez vu que les pauvres sont bien plus joyeux que nous. La révolution de la fraternité demande des volontaires qui accueillent tous les hommes, en particulier les plus pauvres, parce qu’ils sont souvent plus riches d’accueil, de fraternité, de capacité de se donner gratuitement !
Jésus n’invite pas tous les hommes à vendre tous leurs biens, mais à tout partager, en abandonnant nos peurs de manquer : quelle richesse, alors ! Car tout homme est mon frère, ma sœur, qu’il me ressemble ou non, et il y a des hommes qui donnent leur vie pour vivre cela de plus en plus, des moines, des religieux, mais surtout des laïcs attentifs à tous les besoins de leurs frères Ce qui paraît impossible est possible à Dieu, c’est-à-dire que nous pouvons avancer vers la fraternité, la liberté et la sécurité avec l’aide de Jésus, si nous croyons et demandons cette grâce !… et moi, quel pas puis-je faire aujourd’hui ?
Le nouveau président de la Conférence des Évêques de France invite les chrétiens à vivre différemment des autres hommes. C’est aussi en accueillant les inconnus et partageant les soucis de chacun que la fraternité avance, en priant les uns pour les autres, y compris pour les non-croyants, qui seront heureux de savoir qu’on a pensé et prié pour eux ! Éclaire-moi, Esprit saint, enlève mes peurs, donne-moi la force de vivre ce que tu me montres.