Le 8 mai nous célébrons dans notre pays et dans toute l’Europe l’armistice du 8 mai 1945, qui mettait fin à la guerre avec l’Allemagne nazie ; mais pas à la fin de la guerre, car il fallut attendre les deux bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki pour que le Japon capitule.
Et la guerre se rendit au Vietnam, en Algérie… Et elle sévit toujours dans bien des pays d’Afrique, comme une pandémie ininterrompue à travers les siècles du cœur humain, capable des plus belles choses mais aussi des pires, dont la guerre fait partie.
Le Pape François dans son homélie de la vigile Pascale, s’est penché d’abord sur la souffrance des femmes proches de Jésus lors de la Passion : « Comme nous, elles avaient dans les yeux le drame de la souffrance, d’une tragédie inattendue arrivée trop vite. Elles avaient vu la mort et avaient la mort dans leur cœur. A la souffrance s’ajoutait la peur : leur sera-t-il réservé, à elles aussi, le même sort qu’à leur Maître ? Et puis les craintes pour l’avenir, tout à reconstruire. La mémoire blessée, l’espérance étouffée. Pour elles c’était l’heure la plus sombre, comme pour nous ».
Mais le Pape a ouvert sur l’espérance de la résurrection de Jésus et a alors pointé les autres maux qui menacent toujours le cœur humain : « Qu’il est beau d’être des chrétiens qui consolent, qui portent les poids des autres, qui encouragent : annonciateurs de vie en temps de mort ! En chaque Galilée, en chaque région de cette humanité à laquelle nous appartenons et qui nous appartient, parce que nous sommes tous frères et sœurs, portons le chant de la vie ! Faisons taire le cri de mort, ça suffit les guerres ! Que s’arrête la production et le commerce des armes, parce que c’est de pain et non de fusils dont nous avons besoin. Que cessent les avortements, qui tuent la vie innocente. Que s’ouvrent les cœurs de ceux qui ont, pour remplir les mains vides de ceux qui sont privés du nécessaire. »
Comme le dit le psaume de ce jour qui s’adresse aux dirigeants du monde : « Maintenant, rois, comprenez, reprenez-vous, juges de la terre. Servez le Seigneur avec crainte, rendez-lui votre hommage en tremblant. » L’éclipse de Dieu
Le Père, nous dit Jésus, a de nombreuses demeures dans sa maison, qu’il veut remplir de toute race, peuples et nations. Les nations européennes ont été bien éprouvées par le Covid 19 et n’ont pas toujours fait preuve de solidarité dans la gestion de l’épidémie. L’Europe sort, commence à sortir, meurtrie humainement, économiquement et institutionnellement de cette crise, la pire depuis 1945 justement. Se relèvera-t-elle ?
Y aura-t-il des Adenauer, des De Gasperi et des Robert Schumann pour remettre l’Europe dans sa commune destinée, tout en vivifiant la souveraineté de nos nations ?
Dans le cœur du Père, il y a une place, une demeure pour chacune de nos nations. D’ailleurs les pères de l’Église pensaient que chaque nation possède son Ange protecteur : Clément d’Alexandrie écrit : «Les présidences des anges ont été distribuées selon les nations et les villes» ; et Saint Basile confirme : «Qu’il y ait des anges préposés à des nations entières, c’est là l’enseignement de Moïse et des prophètes». Pensons plus récemment aux apparitions de Marie aux enfants de Fatima et à l’ange qui les précède et qui se présente comme l’ange du Portugal. Le Portugal n’est pas la seule nation à disposer d’un ange, non ?
Mais au fait qu’est-ce qu’une nation ? La nation, du latin “natus”, exprime en effet l’idée de naissance et donc de filiation, de descendance. La nation est une communauté d’hommes, unis par une culture, par une histoire, et le plus souvent par une langue commune, communauté des vivants certes, mais aussi communauté des morts et de ceux qui sont appelés à naître. En quelque sorte, chacun de nous est le maillon d’une chaîne ininterrompue que nous devons avoir à cœur de faire perdurer. Cette solidarité est impossible à nier, nous sommes interdépendants les uns des autres, nous formons une unité, un tout, au sein d’une même cité. L’existence d’une nation est engendrée par la conscience de ce “nous commun”. Elle est donc le cadre de vie, le milieu dans lequel vit l’homme, au-delà de la famille, comme notre demeure.
“On ne peut comprendre l’homme en dehors de cette communauté qu’est la nation. Il est naturel qu’elle ne soit pas l’unique communauté. Toutefois, elle est une communauté particulière, peut-être la plus intimement liée à la famille, la plus importante pour l’histoire spirituelle de l’homme” (Jean-Paul II, Varsovie, le 2 juin 1979). La nation est un bienfait mais, comme toute réalité, la nation, peut être détournée de sa fin propre et utilisée à des fins nocives. Comment ? En devenant un absolu. Le 8 mai 1995, Jean-Paul II a fustigé, “l’idolâtrie du culte de la nation”, lors de son message pour le cinquantenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale ; et dans un autre discours, en janvier 1994, il a dénoncé “un nouveau paganisme, la divinisation de la nation”, devant les représentants de 146 États entretenant des relations diplomatiques avec le Saint-Siège.
Il doit donc y avoir un respect mutuel des nations entre elles, respect qui bannit tout nationalisme et ce respect des nations doit être à la base de la nécessaire communauté des nations. L’Église reconnaît la nécessité pour les nations de s’unir. Un long chemin encore à parcourir que nous devons accompagner en ce jour particulier de notre prière pour une Europe unie et pour une France souveraine et pour que tous les français soient fiers d’appartenir à leur nation.
Dans la maison du Père il y a de nombreuses demeures et là règne la Paix à jamais.