Nous avons de la chance : L’évangile de Matthieu nous propose aujourd’hui d’entrer dans les émotions et les actions de Jésus, émotions et actions. Jésus quitte son village et prend une journée au vert, une journée de vacances. Mais quelqu’un l’a vu partir en barque et les gens devinent où il va, ils vont le précéder là où il va d’habitude se reposer, pour l’écouter. Ils quittent leurs villages, à pied. En débarquant, Jésus voit un tas de gens ; il peut encore faire demi-tour, mais… il est « saisi de compassion envers eux« . Le grec mot à mot dit : il est ému aux entrailles ; l’hébreu est plus précis, il parle des entrailles maternelles. Dieu a des entrailles maternelles, qu’est-ce que ça veut dire? Qu’il a un amour inconditionnel. Quoi que nous ayons fait, Jésus perçoit nos souffrances, notre soif d’amour, notre détresse… Est-ce que je le crois? Est-ce que je me laisse émouvoir au plus profond par les souffrances des personnes que je rencontre ? Ou est-ce que je considère que c’est leur problème, je garde les distances, c’est à eux de résoudre leurs problèmes tout seuls ? Comme on regarde à la télévision, de loin. Jésus, lui, est saisi de compassion envers eux, il s’approche… et aussitôt, dit notre évangile, Jésus guérit leurs malades.
Quand nous souffrons, là où nous souffrons, Jésus s’approche pour apaiser, pour consoler, pour guérir… Est-ce que je lui parle de mes difficultés, de ma famille, de mes proches, de mon patron, de mes voisins? Tout l’intéresse ! Et est-ce que je prends le temps d’écouter Jésus ? De méditer l’évangile du jour ? Le temps de prier le Seigneur, le matin et le soir ? Et une journée pour lui, comme le fait Jésus, ou une semaine de retraite ? Père, montre-moi ta volonté, Jésus sauve-moi dans mes tentations, Esprit saint donne moi les bonnes idées pour aider mes frères et sœurs…
Le soir venu, les disciples arrivent et lui disent : « L’endroit est désert et il est tard. Tu renvoies la foule, ils iront dans les villages s’acheter un sandwich ! » 5 000 hommes, plus les femmes et les enfants, on ne peut rien faire ! Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger« . Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. » Les besoins de l’humanité sont si grands, le Covid, la faim, les conflits et les guerres, et moi je n’ai presque rien à donner, je me sens totalement impuissant.
Jésus dit : « Vos cinq pains et vos deux poissons, apportez-les moi. » Et Jésus ne distribue pas les pains, il les fait distribuer par ses disciples ! Dieu a besoin de nous, il embauche ! Et ce n’est pas que du passé, ça continue aujourd’hui. Je vous propose 2 exemples qui me soutiennent.
Exemple de mon frère Bernard, de ma communion de prière, son épouse était malade de Parkinson, lui a eu l’an dernier un cancer agressif au cerveau, il a été soigné, il a continué à participer au groupe de prière, à aider les sans-papiers, à participer à des émissions à la radio sur le père Marie Antoine, à accompagner des personnes… jusqu’à son décès du Covid en avril. Si chacun sur terre faisait tout ce qu’il peut pour aider ses frères et sœurs, le monde irait beaucoup mieux. Mais interdiction d’aller à ses obsèques en avril. Par contre j’ai eu sa visite au mois de mai, en pleine nuit, ça m’a réveillé, je l’ai vu autour d’une table remplie de chrétiens, il s’est levé dans un grand silence, il est passé derrière chacun pour lui faire un geste d’adieu, de remerciement, de pardon, il m’a serré la main entre ses 2 mains, ça m’a beaucoup touché… les morts ne sont pas si morts que nous pensons.
Exemple de la naissance de l’Arche en Pays Toulousain grâce à mon épouse Marie Lou… Marie Lou était fragile, mais elle a tellement parlé de cette communauté de l’Arche qui accueille les personnes handicapées mentales avec toutes leurs richesses qu’elles grandissent dans leur vie affective, sociale, et spirituelles : elles se font des amis, avec des jeunes volontaires en service civique, apprennent des activités nouvelles, et apportent au monde leur sensibilité de cœur. Marie Lou a tellement bien parlé de l’Arche que plusieurs s’y sont engagés. Nous avons lancé un comité de soutien à la création d’une Arche, mais un jour l’Arche nous a dit que nous n’étions pas prêts, et qu’ils n’ouvriraient pas une communauté ici. Échec! Je me suis découragé. Mais Marie Lou a continué à prier avec d’autres femmes pour cette fondation à Toulouse et au bout d’1 ou 2 ans est arrivé à Toulouse, Erik, un responsable de l’Arche qui venait travailler à Airbus. Il avait toutes les compétences qui nous manquaient. Donc il a pu fonder l’Arche en Pays Toulousain, et notre fille Marie Noelle qui était autiste y a vécu 3 ans, 3 belles années de sa vie. Marie Noelle et Marie Lou sont décédées toutes les 2, mais grâce à la foi de quelques-uns, l’Arche continue et accueille d’autres personnes.
Nous avons tous des petites richesses à apporter à nos frères, nos prières, nos attentions, écrire un petit mot à celui qui est difficulté, l’appeler au téléphone, commencer par de petites choses… et des plus grandes peuvent arriver ensuite, l’important est de quitter nos peurs et de commencer, avec nos petits moyens, et Dieu fait le reste, c’est lui qui multiplie… Jésus se laisse toucher le cœur par les souffrants et nous invite chacun : donnez-leur vous-mêmes à manger ! Et en retour nous recevrons sa joie, nous participerons au même bonheur de donner la Vie.
Première lecture (Is 55, 1-3) Ainsi parle le Seigneur : Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle : ce sont les bienfaits garantis à David.
Psaume (Ps 144 (145), 8-9, 15-16, 17-18) Le Seigneur est tendresse et pitié, (hébreu rhanoun vérarhoum = grâce et compassion) lent à la colère et plein d’amour (gadol-rhased = grande tendresse fidèle) ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. Les yeux sur toi, tous, ils espèrent : tu leur donnes la nourriture au temps voulu ; tu ouvres ta main : tu rassasies avec bonté tout ce qui vit. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait. Il est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité.
Deuxième lecture (Rm 8, 35.37-39) Frères, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. – Parole du Seigneur.
Évangile (Mt 14, 13-21) En ce temps-là, quand Jésus apprit la mort de Jean le Baptiste, il se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de compassion envers eux et guérit leurs malades. Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et l’heure est déjà avancée. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture ! » Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. » Jésus dit : « Apportez-les moi. » Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait douze paniers pleins. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.