Contemplation des Écritures selon saint Ignace
Pas de messe ni évangile au samedi saint, l’Église goûte le silence douloureux de la mort du Christ. Cependant Jésus n’est pas inactif, même si son corps et son âme sont provisoirement séparés par la mort.
Prier l’Esprit saint et demander une grâce, d’entrer davantage dans la foi avec Marie ou dans le mouvement du salut avec Jésus. Prendre un temps sur chaque partie, à décider auparavant. Relire cette partie, imaginer la scène, écouter, choisir quel personnage je suis (une des 3 Marie), ce qu’elle dit, voit, entend, ressent. Rester sur ce qui a du goût, ce qui me touche. Puis la 2e partie, la 3e, et finir par un dialogue.
Première partie
Aujourd’hui apparaît la foi de Marie. Au pied de la croix déjà, l’évangile de Jean notait son attitude : « Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie de Magdala ».(Jn 19,25) Elle est debout et non pas effondrée ou plaintive comme on le vivait, à cette époque où l’on embauchait des pleureuses. Debout, Marie exprime sa foi dans le relèvement de son fils, qui avait annoncé sa résurrection. « Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur. » (Luc 2,19) Alors que les onze s’écroulent et les disciples d’Emmaüs s’éparpillent, Marie demeure dans la confiance en la parole de Dieu.
Après avoir fermé les yeux de notre fille, nous avons, mon épouse et moi, goûté auprès d’elle une paix surprenante. Je peux prendre 10 minutes pour contempler Marie vivant, par sa grande foi, sa douleur dans la paix.
Deuxième partie
Jésus n’a pas connu la corruption, son corps en a été préservé, bien avant celui de quelques saints comme Germaine ou Bernadette, selon la prophétie : « Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption ». (Psaume 16, 9-10)
Je peux prendre 10 minutes pour contempler le corps de Jésus reposant en confiance dans le tombeau.
Troisième partie
Le Credo affirme qu’en son âme, « Jésus-Christ est descendu aux enfers ». Il ne s’agit pas de l’enfer comme lieu de perdition, mais des enfers au pluriel, le shéol des psaumes, sorte de lieu souterrain où reposaient les morts. Jésus y descend pour libérer les justes et leur ouvrir les portes du ciel. L’épître aux Éphésiens en parle: « Que veut dire : Il est monté ? – Cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté. » (Ep 4,9-10)
Je peux prendre 10 minutes pour contempler Jésus descendant chercher les justes déjà morts et les remonter dans la vie nouvelle avec lui.
Je termine par 5 minutes de dialogue amical avec Jésus ou Marie. Qu’ai-je envie de lui confier? Conclure par un signe de croix, me lever, je peux noter mon vécu.
Sermon de saint Germain de Constantinople, évêque
La couronne d’épines qu’il porte sur le front confirme sa victoire : Ayez confiance, j’ai vaincu le monde et le Prince de ce monde, en portant le péché du monde. Et cette victoire du Christ passe dans toute l’humanité dont il a pris les prémices. Que la croix soit un triomphe, les pierres elles-mêmes le crient, ces pierres du calvaire, où, selon une antique tradition des Pères, fut enterré Adam, notre premier Père. Cette tradition manifeste qu’Adam fut la cause de la venue Seigneur sur la terre, que tout le mystère de l’humiliation avait en vue son rappel et son salut. Tout cela eut pour but la libération d’Adam et pour motif l’amour que son créateur lui portait.
Adam où es-tu ? crie à nouveau le Christ en croix. Je suis venu là à ta recherche et, pour pouvoir te trouver, j’ai tendu les mains sur la croix. Les mains tendues, je me tourne vers le Père pour rendre grâces de t’avoir trouvé, puis je les tourne aussi vers toi pour t’embrasser. Je ne suis pas venu pour juger ton péché, mais pour te sauver par mon amour des hommes, je ne suis pas venu te maudire pour ta désobéissance, mais te bénir par mon obéissance. Je te couvrirai de mes ailes, tu trouveras à mon ombre un refuge. Ma fidélité te couvrira du bouclier de la croix et tu ne craindras pas la terreur des nuits car tu connaîtras le jour sans déclin. Je chercherai ta vie, cachée dans les ténèbres et à l’ombre de la mort, je n’aurai de repos, jusqu’à ce qu’humilié et descendu jusqu’aux enfers pour t’y chercher, je t’aie reconduit dans le ciel.