Quelle est la différence entre un roman policier et la Parole de Dieu ? Un roman policier, c’est captivant parce qu’on cherche et on trouve la vérité : qui est le coupable. La Parole de Dieu, c’est captivant (et libérant) parce qu’on cherche et on trouve la vérité, qui est le Sauveur ! C’est bien plus important, et plus réel. On découvre peu à peu qui est le Père, qui est Jésus, qui est l’Esprit, parce que Dieu se révèle peu à peu. Aujourd’hui la Parole de Dieu nous donne deux révélations importantes : Dieu révèle à Abraham quelle est sa volonté, ce qu’Il aime, et Jésus révèle sa nature d’agent double, ou plutôt sa double nature qui lui permet d’être notre sauveur.
En réalité, on ne découvre pas la vérité par ses propres capacités comme dans les romans policiers, mais c’est un chemin que Dieu fait faire à Abraham. A son époque, on pratiquait les sacrifices humains dans toutes les civilisations. On pensait qu’en donnant le meilleur de ses biens on recevait automatiquement les faveurs des dieux, des dieux bien cruels d’ailleurs puisqu’ils pouvaient demander la vie de nos enfants. Imaginez-vous à l’époque si on vous disait de sacrifier votre fils ! Le Père s’est d’abord révélé à Abraham, il lui a promis un fils, à 75 ans, puis il le lui a donné, à 100 ans, maintenant il semble vouloir le reprendre ! Le Père dit à Abraham, mot à mot : « va vers toi-même, prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, et monte-le en montée sur la montagne ! » Abraham comprend qu’il doit tuer son fils en sacrifice, et il l’emmène vers la montagne du sacrifice, et Abraham obéit, non pas par mentalité magique comme les anciens, mais par la foi, parce qu’il croit que Dieu peut ressusciter Isaac, dit l’épître aux hébreux (Heb 11,19).
Abraham arrive au mont Moriah, qui signifie : « Dieu est vu ! ». Le vrai Dieu soudain se révèle à Abraham. Le Père dans son amour est exigeant, mais seulement pour nous faire grandir et vivre, et non pour satisfaire son caprice, comme les dieux grecs. Il est tendre et fidèle : cette histoire est celle du non-sacrifice d’Abraham : Dieu ne veut pas la mort, mais plus de vie. On ne découvre la vérité que par grâce, il faut frapper à la bonne porte. Je suis la porte, dit Jésus !
Demandons souvent à l’Esprit saint de nous montrer la vérité. Le vrai Dieu se révèle à Abraham parce qu’ Abraham est à l’écoute, il a soif d’un autre Dieu que ceux que fabrique son père terrestre. Le Père demande à Abraham ce qu’il a de plus précieux, ce fils promis et tant espéré (Abraham a 100 ans quand naît Isaac). En fait le Père veut tout ! Nous sommes choqués ! Mais Il ne veut pas prendre, Il veut donner plus de vie ! Dieu ne prend que pour donner, Il lui redonne son fils, mais dans une relation qui n’est plus une relation de possession. De même sa femme s’appelait Saraï, ma princesse, il lui redonne le prénom Sarah, princesse. De même tout ce que nous possédons ne nous appartient pas, c’est à partager librement. Quand on échappe à la mort, on découvre que tout est cadeau. J’entends des reproches de jeunes : Dieu m’a pris mon grand père, ma grand mère, j’ai prié, il ne m’a pas écouté, j’ai perdu la foi… Dieu ne prend que pour donner plus de vie, le bonheur éternel. Le Père a épargné Isaac, mais il « n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous » dit saint Paul : Dieu seul donne ce qu’il a de plus précieux gratuitement !
Si l’on suit l’évangile selon saint Marc, les disciples mettent du temps à comprendre qui est Jésus. C’est à la moitié de la vie de Jésus que celui-ci demande à ses disciples : »Qui suis-je ? » « Tu es le Messie ! », répond Pierre, qui a reçu la grâce de deviner quelque chose de Jésus ; il croit avoir compris, mais imaginons la scène de la transfiguration : Jésus change de visage, il devient lumière ! Devant Pierre, Jacques et Jean se révèle le Fils dans sa double nature, vrai Dieu et vrai homme. (Mc 8,27) : Jésus est beaucoup plus, il est Dieu même ! C’est une vérité que l’homme n’a jamais imaginé, que Dieu se fasse homme, totalement homme, comme nous, excepté le péché ! Cette révélation nouvelle est exprimée à la transfiguration dans la continuité avec l’Ancienne Alliance, représentée par Moïse et Elie qui représentent la Loi et les prophètes.
Parce que Jésus aime ses disciples, il les éclaire, et il les prépare aux chocs qu’ils vont vivre : ce Messie qu’ils découvrent va bientôt être torturé et tué, c’est inconcevable pour les juifs ! Pour eux le Messie doit gagner toutes les batailles, tandis que Jésus qu’ils voient transfiguré, va être défiguré à la Passion, il va être tué puis ressuscité, mais il s’offre volontairement, pour vaincre la haine et la violence !
Accueillons l’amour de Jésus qui se prépare à se donner tout entier, corps et sang, et choisit ses témoins. Nous sommes ces témoins. Commençons par écouter la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Suis-je à l’écoute de Dieu chaque jour ? Le carême est un temps pour cela, 10 min ou 1 heure.
Chaque automne, les juifs célèbrent la fête des Tentes, ils se rappellent le temps où ils vivaient au désert, dans la dépendance directe de Dieu qui leur donnait la manne chaque jour. Pierre veut planter la tente pour goûter la vision de Jésus transfiguré. Il devra attendre la Pâque et la Pentecôte pour pouvoir approcher du mystère de Jésus. Pour nous c’est dans la prière, dans la Parole de Dieu, dans le service des pauvres que nous pouvons goûter la beauté de l’amour de Dieu.
L’offertoire, c’est le moment de tout donner au Père. Quand le prêtre élève nos petits dons, il fait comme Abraham donnant son fils. Mettons-y toute notre vie ! Dieu la recevra pour nous donner plus de vie.
Le Père veut transfigurer toute notre vie, qu’elle soit comme celle de Jésus, qu’elle ne soit plus qu’amour !