C – 26 TO – « Homélie de père Hervé Gaignard, vicaire général, pour l’installation du père Gibson Bangu, comme curé de l’ensemble paroissial d’Aucamville – Saint loup Cammas. »

2019-10-01T22:43:17+01:001 octobre 2019|

Au bout d’un moment, j’ai fini par comprendre. J’ai fini par comprendre que dans cet évangile, il n’était pas seulement question de l’histoire de cet homme riche et de ce pauvre Lazare. Ce pauvre Lazare, d’ailleurs, qui n’a même pas droit à la parole.

J’ai compris qu’il ne s’agissait pas non plus de ces cinq frères pour lesquels cet homme qui a vécu dans l’opulence, éprouve un peu de pitié ; alors qu’il se retrouve après sa mort dans la fournaise, dans le feu qui purifie pour ne jamais pouvoir en sortir.

Car de sa vie, il ne reste rien de valable ; puisque seul l’amour est éternel. De sa vie éprouvée au feu de l’amour du Dieu créateur et sauveur, il ne reste rien. Alors que son âme vit pour toujours.

Oui j’ai compris qu’il pouvait s’agir de moi, j’ai compris qu’il pouvait s’agir de vous, de nous. Car en effet, il nous est difficile d’accueillir, de laisser faire en nous la Parole de Dieu alors qu’elle nous est donnée par les Écriture, c’est-à-dire « Moïse et les prophètes » pour que nous soyons au Christ.

Nous sommes de ces hommes et de ces femmes qui croyons au Christ Mort et Ressuscité. Nous ne l’avons pas vu vivant. C’est la prédication de l’Église et de ses pasteurs qui nous a conduit à la foi. Mais nous savons encore que notre foi, n’est pas parfaite. Et de bien des manières, il nous est facile de nous reconnaître complice d’un monde qui parfois tourne comme ce monde dont nous parle le prophète Amos : indifférent « au sort du désastre d’Israël » indifférent à ce que la pensée sociale de l’Église appelle le « bien commun » de tous, de ce corps qu’est cette humanité.

Distrait, nous n’accueillons pas la Parole de Dieu, nous n’accueillons pas vraiment le Christ qui nous presse d’aimer comme il aime chacun de nous, nous désirant tous ensemble, unis par les liens de la charité.

Oui nous pouvons nous reconnaître, dans ces personnes qui n’écoutent pas ou si mal la Parole de Dieu. Nous savons que nous avons du chemin à faire pour vivre de la miséricorde du Seigneur, cette miséricorde qui change les cœurs et qui nous conduit vers l’amour.

Or la tâche du pasteur, de celui qui vous recevez aujourd’hui, comme curé de la paroisse est bien celle-ci, celle du ministère – nous voulons dire – du service de la Parole. Sa mission est de vous donner le Christ, de vous donner la Parole de Dieu, de la servir pour que vous puissiez l’entendre, l’écouter, la recueillir, la laisser prendre corps en vous, pour que vous puissiez vivre du Christ et être conduit à l’amour et à la vie éternelle.

Voici donc la mission du pasteur, des autres prêtres qui travaillent avec lui, des diacres qui sont avec vous comme signe du Christ serviteur, de tous ceux qui accomplissent au milieu de vous un service pour faire grandir la foi dans vos paroisses. Tâche des pasteurs qui se vit à tout instant de la vie : par la prédication, l’annonce, l’enseignement, service de la parole qui s’accomplit dans la célébration des sacrements, le service de la parole qui se vit par l’exemple. Et ce n’est certainement pas rien pour notre frère Gibson d’entendre aujourd’hui cet appel qui passe par la lettre à Timothée : « Toi, homme de Dieu (c’est de toi qu’il parle), recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur … même le bon combat … empare toi de la vie éternelle !»

Ayez à cœur de prier pour lui, de l’aider dans sa difficile et délicate tâche, respectez-le, aimez-le, aidez-le, non pas comme s’il était le chef, mais comme un frère à qui le Seigneur a confié le lourd ministère de la Parole, celle du pasteur se tenant comme le Christ au milieu de vous.