Avant de partir en vacances, l’équipe de la bibliothèque a organisé 2 conférences de Monsieur Canciani : une sur le sanctuaire de Notre Dame de Garaison et l’autre sur Saint Martial. L’assemblé a été captivée par ces deux récits qui reviennent sur l’histoire chrétienne de notre région. En voici un résumé :
Le sanctuaire de Notre Dame de Garaison.
Il est situé à 54 km au sud d’Auch, ou 95 km de Toulouse, près de Boulogne sur Gesse, mais aussi à 16 km de Lannemezan et 71 km de Lourdes, dans le département des Hautes Pyrénées.
Les trois apparitions :
Les apparitions remontent à 1515, soit presque 350 ans avant Lourdes.
Dans un paysage agricole de landes très sauvages, vit une famille modeste, les de Sagazan, dans le petit hameau de Garaison, dépendant de la commune de Monléon Magnoac.
La Vierge Marie, vêtue de blanc, apparaît à une fille de 12 ans, Anglèse de Sagazan qui gardait un troupeau de moutons près d’une fontaine. La Vierge Marie demande la construction d’une chapelle pour y répandre ses dons. Le père de la voyante est éconduit, n’ayant pas de preuve. Le lendemain, la même démarche est faite, essuyée d’un refus. La troisième apparition se conclue par un double miracle de la transformation du pain noir de seigle en un pain blanc savoureux, dans la panier de la bergère et dans le coffre à pains de la famille.
Aussitôt, les habitants, consuls en tête, viennent en procession puis une chapelle est édifiée, remplacée par une véritable église en 1540, avant les guerres de religion et la conversion du roi Henri IV.
Grâce au secours des consuls, Anglèse peut entrer au couvent proche à Fabas où elle y meurt âgée, à la suite d’une vie de véritable sainte. A la différence de Bernadette, elle n’est pas canonisée.
L’essor du sanctuaire est dû à deux grands recteurs : Pierre Geoffroy fonde l’ordre des prêtres de Garaison, approuvé par le pape, vers 1610. Le sanctuaire, comptant une quarantaine de serviteurs, les bâtiments s’agrandissent, grâce à l’architecte toulousain du Pont Neuf. Des échanges sont faits avec le sanctuaire de Bétharam au sud de Lourdes. Plusieurs pèlerinages sont organisés dont ceux des confréries de Pénitents Blancs, Gris, Noirs et Bleus dont ceux venant à pied de Toulouse. Après la Révolution Française et la fuite des religieux en Espagne, Jean Louis Peydessus relance, vers 1840, le sanctuaire en fondant la société des Prêtres missionnaires de Garaison et en créant une école, qui compte aujourd’hui près de mille élèves pensionnaires.
Mais en 1858, les premières apparitions de Lourdes ont lieu et, malgré les fêtes du couronnement de la Vierge de Garaison en 1865, les prêtres de Garaison sont appelés par l’évêque de Tarbes pour mettre en place le sanctuaire de Lourdes qui rayonnera dans le monde entier.
A la différence de Lourdes, le sanctuaire de Garaison a conservé son authenticité dans un paysage isolé, agricole et calme. On y retrouve l’un des sites multiples d’apparition de la Vierge Marie dans le piémont pyrénéen. Le caractère historique est resté présent dans l’architecture de l’époque. On y découvre, dès l’entrée, un nartex à arcades basses, sorte d’abri pour les pèlerins catéchumènes, où les plafonds peints représentent de nombreuses scènes de miracles et les processions des confréries de Pénitents. Le chœur comporte un superbe rétable doré qui est un véritable poème de l’Ancien Testament dédié à la Vierge Marie, grâce aux grandes statues représentant des prophètes et de saintes femmes de l’histoire juive, (Sara, Joël, Judith, Noémi, Jérémie, véritable approfondissement de l’Ancien Testament) Au dessus de la statue centrale de la Piéta, un bas relief représente le couronnement de la Vierge…..
Comme à Lourdes, est restée la fontaine miraculeuse, portant l’inscription « Ici, je répandrai mes Dons ». Certains diront que Notre dame de Garaison serait « la préface obligée » de Notre Dame de Lourdes et qu’il faut donc connaître les deux sanctuaires. Mais quoi de plus grandiose et de plus saint que d’avoir comme modèle, pour plusieurs générations de jeunes étudiants, l’exemple de la Vierge Marie, sans oublier les secours de guérison promis lors de la première apparition de la Vierge Marie, il y a près de 500 ans !
Notons que la messe télévisée dominicale sera célébrée à Garaison, le dimanche 10 septembre 2023 à 11h.
Saint Martial
Comme nous l’avons déjà dit pour la famille de Béthanie (Marthe, Marie et Lazare), arrivée en Provence en l’an 43, les origines du christianisme sont enveloppées d’une profonde obscurité, notamment dans notre région occitane et plus particulièrement pour MARTIAL, né en Palestine en l’an 15 et mort à la fin du premier siècle, pourtant chez nous.
C’est malgré tout un devoir de mémoire pour l’Église de France et le diocèse d’Aquitaine, car Martial a bien été nommé du titre d’Apôtre, l’Apôtre des Gaules et de l’’Aquitaine. Le culte de ce saint a atteint son apogée vers l’an mille mais sa cause a été mal défendue, même par ses concitoyens, aux différents conciles français qui eurent lieu, d’autant plus que le grand historien que fut saint Grégoire de Tours au VIème siècle renvoie Martial au IIIème siècle avec 6 autres évêques, malgré des traditions qui sont alors discréditées. Même le XVIIème siècle (avec Descartes) parle d’une tradition « légendaire », notamment à propos de saint Aurélien, successeur de Martial à Limoges, pourtant ressuscité par lui.
Heureusement, au XXème siècle enfin, la mystique italienne Maria Valtorta, encouragée par le pape Pie XII, évoque la présence du jeune Martial aux côtés de Jésus et confirme ainsi certains éléments de sa légende.
MARTIAL en Palestine, sa formation auprès de Jésus et des apôtres.
Jésus, qui a commencé sa vie publique en l’an 26 à l’âge de 30ans, a rencontré, au début de l’an 28, le jeune Jabé, âgé de 11ans et demi, un orphelin vivant isolé dans les bois, ses parents venant de mourir dans un éboulement. Il a été secouru par son grand père, travailleur agricole acharné et âgé et usé. C’est une chance inouïe pour ce jeune de croiser la route de Jésus qu’il ne quittera jamais plus, malgré sa composition physique frêle, sous la chaleur des chemins de Palestine.
Le plus touchant est de voir l’apôtre Pierre, marié à Porphyrée et sans enfant, qui aspire à s’occuper de cet orphelin. Jésus lui dit : « Ne t’y attache pas trop, aime le comme si c’était ton enfant mais avec un esprit surnaturel…Car Jabé est trop jeune et faible pour supporter nos fatigues. ».Quelle leçon Jésus donne à Pierre qu’il est obligé de « recadrer » face à son amour excessif pour son fils adoptif, car Jésus veut faire de Pierre le chef des apôtres, le saint qu’il doit devenir.
Malgré les malheurs de sa famille, Jabé connaît parfaitement l’enseignement religieux juif donné par sa pieuse mère et il reconnaît vite en Jésus le Messie en se jetant à terre pour l’adorer. Or, cet enfant sauvage et craintif est présenté à la Vierge Marie, bouleversée par son histoire, ainsi que Lazare qui aurait bien voulu l’adopter. A partir de son nom Myriam, Elle lui donne un nouveau prénom en inventant : Margziam, la forme latinisée étant Martial. Pour sa majorité à 12 ans, il est présenté au Temple à Jérusalem, par Pierre, très fier de son intelligence et de son savoir.
La plus grande leçon exigée par Jésus à Margziam est celle du pardon au patron cruel de son grand-père : « Le plus grand crime est de pousser un enfant à la haine, lui dit Jésus, et pourtant il faut pardonner pour entrer au Paradis et revoir les siens. ».
Outre l’enseignement de Jésus, Margziam bénéficie de la formation d’un grand enseignant, Jean d’Endor avec qui Margziam poursuit des échanges épistolaires depuis Antioche, prouvant ses connaissances profondes du milieu israélite. Margziam participe à la distribution des pains et poissons lors du miracle de la multiplication des pains et c’est même le premier à croire au miracle qui a eu lieu ce jour là.
Jésus qui le fascine, lui confiera son grand secret messianique : « Fais-moi mourir à ta place ! » Jésus lui répond : « Tu dois me prêcher dans le monde entier ».Margziam est un véritable exemple et il édifie le groupe des apôtres, même Jésus en fait des éloges. Il lui évite d’être présent lors de sa mise en croix, mais pour lui, il renouvellera avec Pierre les gestes de la Cène lors de la Pâque supplémentaire. Margziam assistera à l’ascension de Jésus qui lui confirmera son futur destin ; « Sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur. »
C’est grâce aux révélations privées faites directement par Jésus à Maria Valtorta que nous connaissons la vie au jour le jour de Jésus et de tous ses disciples. Hélas, nous sommes obligés de faire appel aux traditions et légendes pour la vie de Martial en Gaule ou même de Pierre à Rome.
Martial en Gaule
Nous savons, par trois historiens, que les romains avaient conquis depuis l’an 122 une grande partie des Gaules, notamment la région appelée la Narbonnaise qui leur permettait d’assurer la liaison avec l’Espagne et de recruter pour leurs douze légions des guerriers gaulois, présents en Palestine et réputés pour leur courage au combat, mais assez superstitieux et parfois barbares. En conséquence, les gaulois étaient un peuple très religieux fort apprécié des romains. N’oublions pas aussi que, formée par Jésus, toute la famille de Béthanie fut la première à christianiser la Provincia, qui deviendra la Provence, dès l’an 43.
C’est certainement à partir de Rome que le chef des apôtres, Pierre, qui vient de confondre jusqu’à Rome, Simon le Magicien, envoie en mission son fils adoptif Martial et deux compagnons, Alpinien et Austremoine, lequel mourut dans les environs de Florence, obligeant Martial à revenir à Rome où il obtient un bâton de Pierre, ce qui lui permit de le ressusciter, après 40 jours. Ce bâton, souvent représenté tenu par Martial, était visible jus-qu’avant la Révolution à la cathédrale de Bordeaux.
On ne sait pas par où Martial est entré en Gaule, peut-être le long du Rhône, pour aller rejoindre la Via Agrippa, transversale reliant les villes de Lyon et de Saintes (Océan).
Le premier miracle connu de Martial en pays aquitain eut lieu à Toulx, auprès de la fille possédée d’un riche hébergeant. Dans la ville d’Ahun, il est confronté aux druides qui soulèvent le peuple, mais après être devenus aveugles, Martial les pardonne, leurs idoles, dont la statue de Jupiter, étant tombées en poussière. A chaque fois, ce sont des centaines de personnes qui demandent le baptême.
Martial se rend à Limoges, appelé alors Augustoritum, en l’honneur de l’empereur et se trouvant à mi distance entre Lyon et Saintes. Grâce au zèle de ses prédications et aidé par des miracles, Martial convainc le peuple d’abandonner les idoles. Valérie, fille de la femme du proconsul fait même un vœu de virginité mais de retour d’une campagne contre les normands, son fiancé fit trancher la tête de Valérie.qui devient la première martyre.. Les prêtres païens font emprisonner Martial qui se libère de ses fers, suscitant la conversion de l’un deux, Aurélien qui succédera à Martial à Limoges.
Depuis Limoges, Martial rayonna dans tout le Périgord, allant jusqu’à Périgueux, Cahors, Rodez, Mende, peut-être à Toulouse et jusqu’à Bordeaux où il fit de grands miracles. C’est à Poitiers qu’il eut la vision du martyre de Pierre et de Paul.
Martial mourut à Limoges à la fin du premier siècle et on dit avoir vu son âme s’élever au Ciel.. Sa reconnaissance comme apôtre ayant connu Jésus fut souvent un sujet de polémique.
Le culte de Martial connut son apogée principalement au Moyen Age, grâce notamment à la notoriété et la richesse de l’abbaye bénédictine de Saint Martial qui s’établit dans le centre de Limoges à partir de l’an 848. Une grande épidémie, le mal des ardents (maladie due à ergot du seigle) est combattue par l’organisation de processions en l’honneur du saint, en 994.Au XIIIème siècle, cette abbaye atteint un rayonnement au-delà de la région, notamment au niveau culturel grâce à la fabrication de l’émail. mais l’abbaye fur démantelée avant la Révolution..
Encore de nos jours, malgré la diffusion de nombreuses reliques à toute la chrétienté, la ville de Limoges dispose du chef et d’un bras de saint Martial, ainsi que de reliques des saints Austremoine et Alpinien mais aussi de Valérie, conservés dans une chasse portée eb procession.
En 1960, des fouilles permirent de retrouver la crypte avec les tombeaux des saints. Notons que le blason de la ville de Limoges porte en son centre le visage et les initiales de Saint Martial et que la devise de la ville est : « Dieu garde la ville et saint Martial le peuple ». Les processions de reliques des saints dans les rues de la ville ont toujours lieu, tous les 7 ans, organisées par la Grande Confrérie de 72 membres (rappelant les 72 disciples du Christ) et la Confrérie des Porteurs de la Chasse de Saint Martial, la dernière et 73ème ostension ayant eu lieu en 2023 et pris fin en juin 2023. Notons que le pape François a décrété en février 2023 ; l’ancienne église Saint Michel des Lions au titre de Basilique de Saint Martial.