Mes chers frères et sœurs ! Nous poursuivons ce temps pascal en contemplant le Ressuscité qui roule et déplace ces pierres tombales lourdes de nos vies, comme au matin de Pâques. Jésus ressuscité vient déplacer tous ces encombrants intérieurs, culturels, politiques, spirituels, affectifs, physiques qui se tiennent aux portent de notre cœur et qui nous font malheureusement croire que la mort a le dernier mot dans notre vie. Pour nous chrétiens, depuis le matin de Pâques, Jésus nous dit qu’Il peut rouler, déplacer toutes ces pierres tombales tellement lourdes, qui nous préoccupent.
Il y a quinze jours, Jésus ressuscité est venu, « sur commande », obéissant à la requête de Thomas: « si je ne vois pas dans ses mains la marque de ses clous, si ne ne mets pas mon doigts dans la marque de ses clous, non je ne croirai pas! » L’apôtre Thomas avait ainsi réclamé la présence de Jésus ! Nous contemplons encore Thomas, notre aîné, dans une foi confessant, à genoux, en adoration : «Mon Seigneur et mon Dieu ». Oui, c’est cela la foi chrétienne : le Ressuscité transforme nos doutes si nous acceptons de les lui exposer, en vérité et sans idéologie! Dimanche dernier, c’est le même Ressuscité que nous avons contemplé en marche, avec Cléophas et son compagnon, -qui représente chacun de nous-, sur le chemin d’Emmaüs. Ces deux disciples en route comme nous, étaient écrasés par la peur, l’angoisse et la tristesse, mais ils se sont ouverts à un étranger, sans savoir que cet étranger était bien le Ressuscité qui transforme notre tristesse en joie véritable. Cléophas et son compagnon de route, après avoir reconnu Jésus à la fraction du pain, tout joyeux, reviennent à Jérusalem pour annoncer que le Christ est vivant !
C’est le même Ressuscité qui veut rejoindre chacun de nous aujourd’hui. Il nous cherche, Lui le Bon et Vrai Berger. Il veut que personne ne se perde. Il cherche une à une chacune de ses brebis que nous sommes. Si nous savions le prix infini que nous avons aux yeux de Dieu ; combien Il connaît chacun de nous ; combien il nous cherche sans se fatiguer ! Jésus ne veut perdre aucune de ses brebis. Et pourtant, vous savez combien parfois nous nous sentons perdus, ou que nous le sommes, de fait ! Perdus de trop souffrir, perdus d’être malades, perdus par les scandales dans l’Eglise et dans le monde, perdus dans cette société de consommation, perdus dans ces élections présidentielles violentes et sans véritable projet capable de faire grandir la société. Heureusement que Jésus est le Vrai Berger qui accepte de se battre, au prix de sa vie afin de nous sauver de tout ce qui peut nous perdre !
Ce Vrai Pasteur Jésus entre par la porte du cœur. Il sait comment y entrer sans nous brusquer, sans violence ! Délicatement, Il habite notre intériorité. Il ouvre notre cœur, non pas en forçant la porte comme un voleur, mais en touchant délicatement et tendrement notre âme par la douceur de son Amour Infini qui s’appelle « Miséricorde« . Les bergers mercenaires eux, se masquent, ils nous trompent. Seul Jésus est le Vrai Berger, le Pasteur pour qui nous comptons vraiment, sans intérêt personnel. Pensez par exemple, à tous ceux qui veulent s’occuper de nous, comme l’attestent ces élections, mais dont les projets sont remplis d’égo et d’intérêt personnel. Ils nous promettent monts et merveilles, nous vendent des solutions à nos dépens, nous proposent des réponses improbables, nous manipulent pour obtenir notre adhésion, notre accord. Cela me fait penser à cette affiche pour la campagne du Denier de l’Eglise du diocèse de Gap qui invitait les fidèles catholiques à ne donner leur voix qu’a Jésus, le seul qui, une fois élu, ne change pas de programme ! Cette campagne a été censurée par l’Etat parce que, paraît-il, elle prenait en dérision les politiques en période électorale.
Quel est le berger, le pasteur qui s’intéresse vraiment à moi, à mon bonheur, de façon désintéressée, seulement par amour pour moi ? Le Ressuscité nous invite à Lui ouvrir notre cœur et à démasquer tous les bergers mercenaires ! Nous reconnaîtrons Jésus, Vrai Berger, à sa voix, dans sa Parole qui nous bouscule parfois, qui scrute notre cœur, brûle le mal en nous, nous élève, nous remplit d’amour. C’est sa Parole que nous méditons, que nous aimons et que nous célébrons dans chaque eucharistie. Si nous écoutons souvent la Voix du Vrai Berger, si nous aimons sa Parole, celle-ci nous guide, nous éclaire, nous illumine et nous encourage quand nous sommes perdus. La Parole du Vrai Berger nous rassure et nous guérit de nos peurs, de nos certitudes, de ces petites îles idéologiques derrière lesquelles nous nous cachons souvent, de la vision manichéenne du monde et de l’histoire !
Jésus Vrai Berger passe sa nuit à veiller sur nous, à l’entrée, pour barrer la route aux brigands et aux voleurs… Il les empêche d’entrer pour voler, tuer et détruire. Puisque un tel Berger veille sur nous, les chrétiens que ne nous sommes ne devraient pas désespérer ou avoir peur des péripéties de l’histoire humaine. Jésus est le Bon et beau berger que nous avons chanté dans le psaume 22 «Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure ».
Mes chers amis, n’oublions jamais que le seul Vrai Pasteur que nous avons, c’est le Christ ! Mais, pour conduire son peuple dans l’histoire, Il met sur notre route des pasteurs et des bergers dans son Église qui agissent en son nom. Il conduit son peuple par des pasteurs qu’il choisit lui-même pour les mettre à la tête de son troupeau. C’est cela qui est dit dans la préface de la prière eucharistique du commun des apôtres : «Tu n’abandonnes pas ton troupeau, Pasteur éternel, mais tu le gardes par les Apôtres sous ta constante protection ; Tu le diriges encore par ces mêmes pasteurs qui le conduisent aujourd’hui au nom de ton Fils » Ce sont les prêtres, les évêques… qui ont reçu du Seigneur la mission de conduire son peuple.
Mes chers amis ! Prions pour nos prêtres et évêques au sein de l’Eglise ! Priez pour nous afin que nous soyons toujours aux côtés du Vrai Berger, l’Unique Pasteur qui dirige son Peuple. Priez pour que nous soyons toujours des gardiens heureux de prendre soin du peuple qui nous est confié et le conduire selon la volonté du Maître, qui nous appelle et nous envoie.
En ce jour qui est le dimanche de prière mondiale pour les vocations, prions pour les pasteurs! Mais n’oublions pas de nous engager concrètement pour qu’il y ait des vocations sacerdotales dans l’Église. Une Église sans prêtre ne peut vivre, car elle serait privée des sacrements puisés du cœur transpercé de Jésus sur la croix. C’est par les sacrements, célébrés par les prêtres dans l’Église que Dieu, aujourd’hui encore, continue à nourrir, à prendre soin et accompagner la vie de son troupeau. Chacun de nous peut se demander aujourd’hui ce qu’il fait réellement pour les vocations ! Une chose m’étonne au sein de notre ensemble paroissial, pour être plus concret. Depuis quelques années, nous avons deux mallettes de prière pour les vocations. Celles-ci passent de famille en famille pendant une semaine. C’est quand même dommage et triste de voir combien, dans une église remplie, on manque parfois de familles qui prennent spontanément cette mallette de prière…. Je remercie ce réseau de familles, presque toujours les mêmes, qui la prennent régulièrement ! J’aimerais tellement que les gens se battent et se bousculent pour récupérer cette mallette, en mettant autant d’énergie que nous consacrons à critiquer nos prêtres…
Tout le monde aujourd’hui ressent que nous avons besoin des prêtres ! Au moins, croyants et non croyants sont tous d’accord qu’il y a une crise des vocations. Vous ne pouvez imaginer combien, et surtout ceux qui ne s’intéressent pas à la vie de l’Église, sont exigeants et réclament la présence d’un prêtre lors des funérailles, par exemple. Nous voulons notre prêtre, pour notre messe, dans notre village, à l’heure qui nous convient, pour nos funérailles… quand et où nous voulons. Mais concrètement, que faisons-nous pour qu’il y ait un peu plus de prêtres dans l’Église ? Il parait que les prêtres sont comme une autoroute : tout le monde veut une quatre voies pour circuler rapidement, pour qu’il y ait moins de bouchons, pour que le transport soit fluide, mais personne ne veut qu’une autoroute passe à côté de sa maison. Nous voulons des prêtres, mais même les familles les plus pratiquantes ont peur de donner un prêtre à l’Église. Nous voulons que notre enfant soit médecin, ingénieur, avocat, professeur, élu de la République, grand sportif… mais personne ne motive son enfant pour qu’il devienne prêtre !
Souvent, en famille, nous ne parlons des prêtres que pour les critiquer, pour cracher sur eux en disant des méchancetés. Un mal commis par un prêtre fait tellement de bruit, et nous prenons des hauts parleurs pour tout balancer dans les médias! Nous oublions tout le beau travail que la plupart des prêtres font autour de nous ! Nous exigeons de nos prêtres qu’ils soient irréprochables sur tous les plans, ils n’ont pas droit à erreur et toute faute commise par un prêtre devient impardonnable. Comment voulez-vous que ce petit garçon qui, à la maison, entend ses parents parler des prêtres seulement pour cracher sur eux et les critiquer ! Comment voulez-vous que cet enfant ait le désir de devenir prêtre un jour ! Les prêtres que nous avons sont peu nombreux ! Ils ont besoin de tous les fidèles laïcs pour accompagner les communautés ecclésiales ! Que faisons-nous pour les soulager, les aider, les réconforter dans leur mission et dans leur vie personnelle. Ne nous plaignons pas ensuite de les voir épuisés, lessivés et c’est vrai que la vie d’un prêtre fatigué ne donne pas envie ! Cela vaut aussi pour le mariage ! La vie d’un couple triste n’attire pas au mariage ! Une adolescente disait à ses parents : « si vous croyez qu’en vous regardant vous me donnez envie de me marier…là alors, vous êtes vraiment à côté de la plaque !» La question que je dois me poser comme prêtre est celle de savoir si je transmets aux enfants et jeunes l’envie d’embrasser cette vocation qu’est la mienne.
Mes chers amis ! Les prêtres sont loin d’être parfaits, loin d’être des anges tombés du ciel ! Vous en avez la preuve devant vous ! Les prêtres reçoivent la grâce de l’appel de Dieu avec les fragilités de leurs vie, leurs défauts, et leurs qualités aussi -heureusement qu’ils en ont un peu, grâce à Dieu ! Mais dans le cœur de chaque prêtre se trouve un désir fondamental : celui de se donner totalement à l’Église et à sa communauté. Le prêtre se consacre à une communauté, mais n’oublions pas aussi que c’est à la communauté qu’est confié son pasteur. Sa joie, son bonheur, sa sérénité, son dynamisme missionnaire dépendent beaucoup de la manière dont il est aidé, aimé, soutenu, accueilli, accompagné au sein de la communauté qui lui est confiée.
Pour finir, je voudrais vous rassurer ! Je suis très heureux comme prêtre ! Et très heureux comme pasteur de la communauté qu’est la nôtre sur cet ensemble paroissial. Le père Jean m’a aussi dit qu’il était heureux ! Nous avons besoin de vous, parce que notre vie n’a de sens que quand elle est donnée pour vous. Prions ensemble, afin que l’Église du Christ, seul Vrai Pasteur, ne manque jamais de la présence des prêtres, de beaucoup de prêtres, de beaucoup de saints prêtres. Amen.