Il y a quatre ans, Anne-Laure a demandé à recevoir le sacrement de confirmation. Elle nous raconte son cheminement vers Dieu : l’effusion de l’Esprit au moment où l’on dépose le cercueil de son frère au tombeau, sa joie et son étonnement, le combat spirituel, les paroles reçues de Jésus, la découverte de l’Église. Cette jeune femme marquée par la maladie et le deuil de ses proches nous enseigne combien le Christ est présent dans la vie de chacun malgré nos errances et nos doutes. Un témoignage édifiant.
« Je suis née deux fois : la première en arrivant sur la terre un 29 octobre et la seconde en découvrant Dieu un 28 février à l’âge de 31 ans. C’est en effet un 28 février au milieu d’un cimetière au moment même où l’on mettait le cercueil de mon frère dans le caveau que j’ai reçu une effusion de l’Esprit Saint et un clin d’œil de mon frère Xavier. Le début de ma conversion.
Durant les huit années de sa maladie, mon frère Xavier, avait effectué un important chemin de Foi. Pour moi c’était un moyen de se rassurer pour supporter toutes les souffrances qu’il avait à endurer. Il me parlait beaucoup de sa Foi. Xavier et moi étions très proches, et il avait à cœur de me faire rencontrer Dieu.
Dieu me connaissait déjà depuis longtemps, mais mon cœur, mes yeux et mes oreilles étaient fermés. Et tout particulièrement durant ces dernières années. Je n’étais pas croyante et j’avais, étant plus jeune, refusé de faire ma confirmation au motif que cela n’avait pas de sens pour moi.
La veille de la mort de mon frère, deux frères dominicains sont venus célébrer une messe à la maison. Je ne souhaitais pas rester, je suis allée faire une course pour mon frère. Quand je suis revenue dans la maison, je n’ai pas vu sortir deux hommes mais deux anges immenses et dans mon aveuglement j’ai considéré que c’était une vue erronée de mon esprit.
La veille de sa mort, Xavier m’a dit que si toute cette souffrance pouvait servir à quelque chose, il désirait qu’elle serve à ce que j’ai une belle vie. J’avais bien senti un amour tellement immense entre mon frère et moi que ce n’était pas humain… Je voyais bien ma mère dans une paix inexplicable et le visage paisible de mon frère sur son lit de mort. Mais c’est le troisième jour, lors de son enterrement, que j’ai reçu un immense cadeau de Dieu et de Xavier. Et je suis née à nouveau. Le voile s’est déchiré avant de mettre le cercueil dans la tombe. Dieu s’impose à vous dans toute votre personne.
Je l’ai ressenti dans ma chair
Une force et une présence tellement immense qu’elle vous traverse complètement…. Et une vision… Celle d’un chemin de lumière à hauteur de mes yeux : mon frère transfiguré de lumière, courant en sautant de joie, il s’est arrêté, s’est retourné et m’a regardé. D’un signe de la main, il m’a dit au revoir. Et il est reparti gaiement sur son chemin. J’étais dans la lumière, j’ai ressenti sa joie et sa paix. Des sentiments qui nexistent pas sur cette terre.
Lorsque que le cercueil est descendu dans le caveau, ma première pensée a été « tu m’as bien eu, tu n’es donc pas là. » Un monde s’est ouvert devant mes yeux, aujourd’hui rien n’est plus pareil. Je sais Dieu, je sais la vie éternelle, je l’ai ressenti dans ma chair, expérimenté et j’ai la foi. Je rends grâce à Dieu. En revanche ce fut un choc immense pour moi. Il faut redescendre de la montagne et retrouver la vie terrestre. Mais tout a changé. La personne avec qui je partage ma vie et qui est devenu mon mari n’est pas croyant et se retrouve en cours de chemin avec une femme croyante.
Un monde s’est ouvert en moi. La certitude de l’existence de la vie éternelle et de la communion des Saints et tellement d’autres grâces encore et tellement de signes que j’étais désormais disposée à voir. Mon frère avait 33 ans et il n’était pas dans un tombeau mais bien dans la lumière, une paix et une joie indescriptible, que j’ai ressentie. Quelques temps après le besoin quasi journalier d’aller à la messe est apparu. Je me suis mise à la recherche d’une médaille miraculeuse que mon frère m’avait offerte et que j’avais mise on ne sait où… Je ne l’ai pas retrouvée puis plusieurs jours après en ouvrant un tiroir elle était là bien en évidence. J’ai demandé à Marie de me guider vers la chapelle de la rue du bac (je me trouvais à Paris à ce moment-là) et l’Esprit Saint a fait le reste.
Tout d’un coup tout me parlait : les textes me sont apparus clairs et compréhensibles et je croyais à la force de la prière. J’étais assoiffée de Parole du Christ et d’Eucharistie.
Les premiers textes vers lesquels je suis allée pour me nourrir sont la transfiguration et la Résurrection de la Lazare.
J’ai suivi mon chemin, le Seigneur à mes côtés
J’ai aussi ressenti un besoin de réconciliation avec une très grande tristesse : celle d’avoir blessé Dieu durant toutes ces années. Puis la certitude que j’étais aimée personnellement de Dieu avec tout ce que j’étais et que nous l’étions tous. Le sacrement de réconciliation est devenu pour moi très important, un moment d’union à Jésus qui vient nous libérer. Et repartir légère et gaie. Alors j’ai suivi mon chemin, le Seigneur à mes côtés en marchant vers le sacrement de confirmation que j’ai faite le 19 mai 2013. Et quelques semaines avant cette confirmation le nom de Medjugorje m’est venue dans la tête, avec la sensation que c’était mon chemin après cette confirmation. J’en ai parlé à ma maman. Elle m’a appris que les parents d’amis de mon frère organisaient des pèlerinages à Medjugorje. J’ai pu les joindre et ils m’ont aidé à organiser mon séjour. Les événements se profilaient bien, quelques jours de vacances que j’avais posés, mes beaux-parents qui venaient et pouvaient garder mes enfants. J’avais donc quelques jours pour partir. Tout s’est fait très vite et simplement. Arrivée sur place j’étais un peu perdue, je n’étais pas habituée à ce type de démarche alors j’ai dit à Marie, puisque tu m’as fait venir ici, guide-moi. Et j’ai rencontré un groupe de Londoniens avec une guide locale dont je comprenais très bien l’anglais et j’ai donc été adoptée avec gentillesse et cœur dans les différentes visites.
Je suis rentrée dans l’église principale de Medjugorje et à cet instant j’ai vu la statue du Vieil homme au fond de l’église et je ne voyais que lui. C’était la statue de saint Jacques le majeur. Hors mon papa est décédé un mois et demi avant mon frère et s’appelait Jacques et ils étaient extrêmement proches. Nous avons eu une vie familiale assez douloureuse faite de souffrances de maladies, mon père était malade psychiatrique, et de deuils. A ce moment j’ai eu la conviction qu’il fallait délier les liens. « Ce qui est lié sur terre sera lié au ciel et ce qui est délié sur terre sera délié au ciel ». Je me suis trouvée devant la tombe de Fra Slavko à faire cette prière. Et à cet instant j’ai su que mon frère n’était plus à côté de moi, quelque chose s’était délié. Et ma mère restée à Toulouse a reçu à ce moment-là, ce qu’elle me dira plus tard, une grande paix intérieure inexplicable. La seconde grâce est celle d’avoir découvert le rosaire, pour la première fois j’ai prié le chapelet et j’ai découvert la richesse de cette prière. J’ai ramené un chapelet, un petit guide pour savoir comment le prier. Je l’ai prié chaque jour pendant plusieurs mois, depuis je suis en combat spirituel pour reprendre le chemin.
« J’ai besoin de ton amour »
La troisième et la plus importante grâce reçue là-bas est que j’étais convaincue que la vie après la mort existait, que Dieu existait… mais Jésus était un « concept » avec lequel je n’étais pas à l’aise. Et Jésus vivant m’attendait à Medjugorje. J’ai découvert la statue de Jésus dont le genou, à ce moment-là, laissait perler des gouttes. Une queue de personnes les unes derrière les autres venaient demander des grâces à Jésus. Et j’ai rencontré Jésus vivant qui me disait « tu vois toutes ces personnes qui viennent me demander réconfort, je leur donne mon amour et moi aussi j’ai besoin d’être aimé, j’ai besoin de ton amour. » A ce moment là, j’ai eu une rencontre personnelle avec Jésus et j’ai commencé à découvrir Jésus Dieu et Homme… Pour la semaine de la Toussaint, je décide de faire la première retraite de ma vie. A l’occasion d’une soirée de prière, l’image du Christ ressuscité en souffrance et en paix dont les grâces de la Miséricorde sortent de son côté s’impose à moi. « J’ai déjà souffert pour toi et tes péchés ». Je comprends peu à peu que c’est bien à moi qu’il s’adresse.
Plus tard je retourne une nouvelle fois à Medjugorje à l’occasion de vacances en famille en Croatie. A l’occasion du sacrement de réconciliation le prêtre me dit : vous devez faire une Agape au Puy-en-Velay d’ici la fin de l’année. Suite à un combat spirituel, je décide finalement de m’inscrire. Et de nouveau Jésus en croix m’appelle pour me dire : «J’ai déjà souffert pour tes péchés. Laisse-moi ton fardeau et vas-t-en légère. Je t’aime, si tu savais combien je t’aime. Toi-aussi aime-moi. J’ai besoin que tu m’aimes ».
Et moi, ne comprenant pas, je répondais comme Pierre : « mais Seigneur tu sais tout, tu sais que je t’aime ». Et ce dernier Dimanche de la Miséricorde à Pechbonnieu : nous avons pris un message dans un panier comprenant des phrases de Jésus à Sainte Faustine : voici le mien « Maintenant tu vas méditer mon amour dans le très Saint Sacrement. Là je suis tout entier pour toi. Âme et corps pour toi comme un époux. Tu sais ce qu’exige l’amour. Une seule chose, la réciprocité ».