Mes chers frères et sœurs, chers enfants ! On dirait qu’à Noël, la toute-puissance de Dieu est bien abaissée, désarmée et limitée ; que son immensité est réduite, son éternité assujettie au temps et à l’espace. A Noël, la majesté de Dieu est à notre portée, que nous pouvons presque la caresser car elle nous devient tellement familière. La grandeur de Dieu, grâce à Noël, est à la portée de chaque être humain car elle se manifeste à travers un bébé à peine sorti du ventre de sa mère ! Oui, nous sommes là ce soir, pour accueillir et rencontrer cette Lumière de Dieu qui vient briser les ténèbres de nos vies. Ce soir, toute l’Église se joint aux chants de joie des anges qui disent : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes qu’Il aime ». Les cloches de Noël, toutes ces lumières qui symbolisent l’Enfant-Jésus, lui qui est la Vraie Lumière d’en haut qui vient nous visiter… Quand nous allons passer dans les rues illuminées, dans la ville de Toulouse ou dans nos villages, toutes ces lumières dans nos maisons… N’oublions pas -malgré la laïcité qu’on nous sert à toutes les sauces -que toutes ces lumières trouvent leur origine dans la naissance de Jésus, à Noël, car il est la Vraie lumière qui vient éclairer le monde, et nous apporter une joie toute nouvelle, celle que le monde ne peut nous apporter.
Noël est un moment de grâce extraordinaire car Dieu nous rencontre en prenant la forme humaine. Le mystère de l’incarnation est le cadeau par excellence que Dieu nous fait. Il se rend visible à nos yeux et il se fait l’un de nous. Voir Dieu à Noël est totalement différent de ce qui se vivait dans l’Ancien Testament. En effet, dans l’ancienne alliance, lorsque Dieu se manifestait, il y avait des coups de tonnerre, des éclairs, des tremblements de terre… les gens devaient cacher leurs visages, fermer les yeux, trembler de peur ! Pensez par exemple à la manifestation de Dieu à Moïse et tout le peuple d’Israël dans le livre de l’Exode. (Ex 19, 16-18) : « Le troisième jour, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs, une lourde nuée sur la montagne, et une puissante sonnerie de cor ; dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple hors du camp, à la rencontre de Dieu, et ils restèrent debout au pied de la montagne. La montagne du Sinaï était toute fumante, car le Seigneur y était descendu dans le feu ; la fumée montait, comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait violemment. » C’est cette même peur que vivent les bergers dans l’Évangile !
Et pourtant, quelle douceur le soir de Noël ! Un bébé, un tout petit bébé, un petit couple pauvre mais tellement mignon, tellement heureux, des anges qui chantent, des bergers qui s’émerveillent… Aucune violence, mais seulement la douceur, la paix, la beauté simple de la vie ! A Noël, Dieu se manifeste d’une manière toute nouvelle ! Il se n’impose pas mais se fait reconnaître grâce à quelques indices que l’Évangile a pris le soin de nous rappeler : « Alors l’ange leur dit : «Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc2, 10-12). Comme indice et signe, il s’agit de quelque chose de simple : « un petit enfant étranger et pauvre dans une mangeoire ».
C’est cela le paradoxe de Noël ! Le Seigneur de l’histoire se manifeste à travers les contingences de l’histoire. Un recensement oblige Marie et Joseph à laisser leur vie tranquille à Nazareth pour aller à Bethléem au moment où Marie doit accoucher. L’Évangile dit que Joseph est de la lignée et de la descendance de David et qu’il est originaire de Bethléem, mais les faits montrent bien qu’ils sont étrangers dans cette ville. En effet, ils n’ont pas de parents qui leur ouvrent leur maison, pas de famille d’accueil… Marie et Joseph sont victimes de cette précarité et d’exclusion au moment où ils ont tellement besoin d’un peu de confort pour ce bébé qui va naître !
Pourtant, nous parlons bien de la naissance de Dieu dans l’histoire de l’humanité ! Comment Dieu peut-il manifester sa gloire, sa grâce, sa beauté, son don total à l’humanité dans une pauvreté telle que nous la contemplons dans la mangeoire de Bethléem ? Nous avons peut-être tellement entendu ce récit de Noël des milliers des fois que nous sommes devenus insensibles au scandale que représente la naissance de Jésus ! Le lieu choisi par Dieu pour nous montrer son amour est la pauvreté et l’exclusion. Dieu a dû chercher une place dans une crèche parce que personne à Bethléem n’a voulu lui ouvrir sa maison, comme nous pouvons aussi refuser de l’accueillir dans notre cœur et dans nos maisons aujourd’hui encore!
Cet enfant est pourtant le Roi de l’Univers, comme Isaïe nous l’annonçait déjà quelques siècles auparavant : « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers » (Is 9, 5-6). En quel sens pouvons-nous dire que Dieu est tout-puissant ? La fête de Noël nous révèle la nature authentique du pouvoir et de la puissance de Dieu : notre Dieu est tellement puissant qu’il n’écrase personne, ne fait pas sentir le poids de son pouvoir ! Dieu se laisse rencontrer dans la faiblesse parce que ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes (1 Co1, 25).
Le pouvoir de cet enfant, faible et pauvre dans la mangeoire est tellement grand que le monde entier fête sa naissance ! Même ceux qui ne sont pas chrétiens, ceux qui se disent athées vont quand même faire un « break », manger, boire, s’arrêter… pour célébrer la naissance de Jésus ! Ils diront que ça fait partie de la culture et de l’histoire ! C’est déjà ça ! Le pouvoir de Jésus est tellement grand qu’il suscite en chacun de nous l’espérance, le désir de nous convertir, de changer de vie, de revenir au Seigneur de tout notre cœur, de nous laisser réconcilier. Ce Dieu-bébé qui a changé l’histoire de l’humanité nous séduit, nous conquiert depuis plus de deux mille ans.
Les bras ouverts de cet Enfant-Dieu dans la crèche révèlent la puissance infinie de Dieu, ceux d’un Sauveur qui entre dans nos vies non pas, par la force mais par Amour, non pas, par la violence mais par la douceur de son cœur, non pas, par la punition mais par son pardon et sa miséricorde infinie comme il le dit à chacun de nous : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. » (Mt 11, 28-29)
En cette fête de Noël, pouvons-nous entrer dans cette dynamique de l’humilité, de la douceur, du pardon, de l’accueil mutuel pour que nos rencontres familiales en cette fête de Noël soient vraiment source de Joie pour chacun de nous. Que l’Enfant de Marie bénisse chacun de nous et nous apporte la Joie parfaite. Joyeux Noël !