Mes chers frères et sœurs ! En ce temps pascal qui continue et qui nous conduit à la Pentecôte, nous célébrons Jésus qui est vraiment ressuscité, un Jésus vivant qui nous dit et redit sans discontinuer, comme au matin de Pâques, de cesser de le chercher dans les tombes, au milieu des cadavres, parmi les morts. Le Christ est vivant et désormais accessible à chacun. Il est le contemporain de chaque être humain qui le cherche en vérité A notre époque, même si certains paradoxalement parlent de la crise des vocations, crise dans l’Église et dans monde, Jésus nous rassure et nous demande d’être confiant et dans l’espérance. Le Seigneur réellement est présent dans la vie de chacun d’entre nous et veut nous apprendre à aimer. Il est le Vrai et Bon pasteur qui nous conduit sur des prés d’herbe fraîche. Notre bien-être, le bonheur de chacun de nous, sont la priorité des priorités du Christ Bon pasteur que nous avons contemplé dimanche dernier. Il nous aime tellement, et dans la parabole de la Vrai vigne que nous méditons en ce cinquième dimanche, il nous propose quelques points d’attention pour pouvoir porter du fruit dans notre vie.
Se laisser tailler, émonder par le Seigneur ! Pour porter du fruit, une vigne a besoin d’être taillée. Monsieur Françoise, un généreux paroissien qui vient régulièrement tailler les rosiers de jardin du presbytère à Saint Loup-Cammas, m’a dit que si je veux que ces rosiers donnent de belles roses, il faut bien les tailler. Il en va de même pour la vigne. Un sarment de vigne bien taillé concentre toute son énergie pour produire une belle et bonne grappe de raisin.
Cependant, le fait d’être taillé peut sur le moment faire mal… mais le bienfait est visible plus tard. C’est comme quand on est malade, on subit une opération, on prend un médicament…et sur le moment tout cela est pénible, douloureux, désagréable, mais c’est pour aller mieux, pour un meilleur bénéfice, pour être plus en forme et en meilleure santé plus tard. La vie quotidienne est faite de travail, elle nous taille de manière régulière sans nous en rendre compte : des déceptions, des fatigues, des maladies, des périodes où nous avons le moral dans les chaussettes… et tout cela est inévitable dans une vie humaine et nous le savons, même si cela nous met en colère, nous attriste et que nous voulons fuir la douleur et la correction… L’être humain accepte difficilement les fatigues et les échecs inévitablement liés à notre nature humaine, à nos limites et notre finitude… et cela montre bien que nous rêvons d’une grande dignité, d’une vie immortelle qui nous pousse à aller au-delà, à nous dépasser sans cesse. Comment vivons-nous tout ce travail éprouvant de la vie humaine et de la vie de foi que nous rencontrons, sans le vouloir ?
Il y a dans la vie spirituelle une donnée qui est presque devenue un gros mot dans le vocabulaire contemporain: le sacrifice, la mortification, l’ascèse… qui sont normalement une occasion, une possibilité pour grandir dans l’amour et dans la foi. Combien d’amour propre et d’égoïsme à ravaler, de patience à mettre en œuvre, d’équilibre à mettre en acte pour ne pas se décourager, baisser les bras, pour ne pas déprimer, ne pas s’effondrer et s’en prendre même à Dieu ? L’acceptation sereine, mais pas résignée de toutes ces contradictions, ascèses, mortifications, sacrifices de la vie favorisent notre conversion et nous aide à grandir chaque jour un peu plus dans l’amour, dans la joie, dans le bien. Nous sommes appelés à faire mourir quelque chose de notre orgueil, égoïsme, paresse, médisance, calomnie… pour que se réalisent et grandissent en nous l’humilité, le partage, l’amour du travail, la bienveillance… Faire mourir certains vices, réprimer nos penchants mauvais nous convertit et nous fait grandir dans les vertus qui y correspondent.
L’énergie qui alimente notre vie, c’est la présence de Jésus que nous avons choisi de suivre comme Bon Pasteur. Rien d’autre ne pourra nous donner la force, la sérénité, la lumière, la joie et cette paix, en dehors de Lui. C’est seulement en restant attaché, connecté, branché au Christ que nous pourrons grandir, fleurir et porter du fruit. Sans le Seigneur, nous ne pouvons rien faire. N’ayons pas peur d’orienter avec force toute notre vie, de manière continue et permanente vers la plénitude de l’évangile du Christ qui nous demande de demeurer, de rester, d’habiter en lui. Il ne s’agit pas d’une fréquentation occasionnelle, ponctuelle, comme on le fait avec un bar ou un restaurant, mais de demeurer, rester enraciné dans sa Parole. Jésus nous demande de ne pas le laisser pour s’en aller habiter loin de lui, mais d’être avec lui.
Quand il choisit les disciples, il les choisit d’abord pour être avec lui, pour être ses amis, demeurer avec lui, et seulement après, pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle. Pour apporter la tendresse et la miséricorde au monde nous devons les puiser dans le cœur de Jésus. Si tu veux être dans la joie véritable, cherche-la dans le Seigneur ! Il est la vraie Source de la Joie. Tu veux la Paix, approche-toi de Jésus qui nous dit après sa résurrection : « la paix soit avec vous ! » Il est le prince de la Paix. Il ne nous donne pas la paix à la manière de grandes négociations et compromis diplomatiques. Demandons cette grâce d’être sans cesse incorporés, attachés, unis, collés et branchés au Christ, comme le sarment sur la vigne.
Dieu est heureux quand notre vie porte des fruits, comme un papa est fier quand il voit son fils faire des progrès et se réaliser. Dans cet évangile, Jésus vient corriger une certaine vision de Dieu qui est courante chez beaucoup de chrétiens : un Dieu « parano », jaloux de notre liberté, qui veut honneur et respect, un Dieu solitaire et presque névrotique, bref un petit dictateur ! Ce n’est pas celui-là, le Dieu en qui nous croyons et que Jésus est venu nous révéler. Notre Dieu est un Père, le vrai vigneron qui veut que chacun de ses enfants que nous sommes, puisse grandir, fleurir et porter du fruit. Il s’agit des fruits d’amour, en acte, pas des paroles et des refrains qu’on répète à longueur de journée, mais un témoignage concret.
Un disciple du Christ doit grandir dans l’amour. Je pense qu’aujourd’hui chacun de nous devrait regarder attentivement sa propre vie et voir quelles sont les attitudes qui ont besoin d’être vraiment taillés, des comportements qui doivent mourir et être brûlé au feu pour que nous grandissions dans l’Amour et dans la joie. Nous pouvons le faire, sur la route vers la Pentecôte, en demandant au Saint Esprit de venir nous éclairer pour nous rendre compte de ces aspects de notre vie qui ne sont pas connectés au Christ, pour être vraiment brûlés, jetés, convertis afin de porter plus de fruits dans notre vie personnelle, familiale, ecclésiale, professionnelle… Esprit saint, brûle en nous ce qui ne donne plus de fruit. Taille et soigne ce qui est blessé. Guéris, soigne et affermis ce qui peut produire du fruit en abondance. Amen.