B – 6 TP – « Être chrétien, c’est se laisser aimer par le Christ »

2018-05-08T10:51:56+01:008 mai 2018|

Mes chers frères et sœurs. Nous cheminons vers l’Ascension, dans quatre jours et la Pentecôte le 20 mai : ces deux fêtes marqueront le terme du temps pascal. Au cours des dimanches précédents, nous avons été accompagnés par le Seigneur, à travers l’évangile de saint Jean, le disciple bien-aimé. Dans cet évangile, Jésus nous a parlé d’unité, de service, de communion avec lui. On pense au Bon Pasteur qui connaît chacune de ses brebis et donne sa vie pour elles. Ses brebis à leur tour écoutent la voix du Berger. Cette communion entre nous, les brebis et le Seigneur, Bon Berger, s’est ensuite amplifiée par la comparaison de la Vigne comme nous l’avons entendu dimanche dernier : «Mon Père est le Vigneron, je suis la Vigne et vous êtes les sarments ». Par cette comparaison, Jésus nous redisait que dans notre vie, nous ne pouvons porter du fruit que si nous sommes réellement attachés, branchés, connectés à lui de manière vitale. Si nous voulons porter du fruit et être réellement féconds Jésus nous invite à demeurer en lui.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Seigneur nous ouvre son cœur de passionné. Les termes de son langage sont ceux d’un amoureux heureux, tels que : aimer, amour, joie, plénitude, fruit. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés, demeurez dans mon amour ». Très souvent nous parlons d’amour comme s’il s’agissait d’un devoir, d’une obligation. L’amour, au sens chrétien du terme n’est jamais obligation ni devoir, mais don du cœur. « Demeurez dans mon amour », nous dit le Seigneur. Quand on a trouvé le véritable amour, on y reste, on y demeure pour en goûter chaque jour. Le Seigneur sait très bien que notre cœur est faible et que nous pouvons nous tromper, alors, il nous supplie : « s’il vous plaît, demeurez dans mon cœur, s’il vous plaît, restez en moi, ne vous en allez pas, ne fuyez pas l’amour que je désire vous donner ». Je vois des hommes et des femmes qui résistent à l’amour, qui se défendent de l’amour. Nous avons eu des blessures dans notre enfance, nous avons vécu des déceptions, du coup, nous sommes toujours sur la défensive face à l’amour, nous mettons une carapace pour ne pas être atteint par l’amour de l’autre. Pire encore, des gens, et voire même des chrétiens ont peur de se laisser aimer par Dieu en entretenant avec lui une relation politiquement correcte, une communion superficielle et de façade, des gens qui se donnent à Dieu «en posant des limites et des conditions et en aimant dans une certaine mesure » alors que l’Amour de Dieu ne peut que nous faire du bien et donner la Joie parfaite.

L’Amour vrai existe encore, même si la télé nous dit le contraire ! Cet Amour, c’est Dieu lui-même. « Dieu est Amour », nous dit saint Jean ! D’ailleurs, personne parmi vous, même pas moi qui vous parle, ne peut se prévaloir de mériter l’amour de Dieu. Nous sommes fragiles et pécheurs mais Dieu nous aime de manière unilatérale, asymétrique et nous demande seulement de le laisser nous aimer. Ensuite, le Seigneur nous demande de faire la différence en ce monde en devenant témoins de son amour : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Le chrétien est appelé à aimer comme le Christ. C’est le commandement nouveau, testament spirituel du Christ à ses disciples le Jeudi saint leur montrant en quoi consiste l’amour chrétien : aimer, c’est se mettre au service, c’est laver les pieds des autres, même ceux de Judas Iscariote. Un chrétien aime même quand il est blessé et trahi. Si nous n’aimons que lorsque les choses vont bien, nous n’irons pas loin avec nos familles, nos amis, communautés et voisins.

Être chrétien n’est pas chose simple et banale ! Il ne suffit pas d’avoir son nom inscrit dans un registre de baptême. Être chrétien, c’est se laisser aimer par le Christ et l’aimer nous aussi en aimant nos frères et sœurs, jusqu’au don de notre vie : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ! » Es-tu capable de donner ta vie pour tes frères et sœurs, ta famille… pour le Christ, notre ami. Je pense aux nombreux martyrs qui meurent pour le Christ. Ils témoignent de leur foi de manière vitale, jusqu’au don suprême… Et nous, nous voulons parfois une foi chrétienne à la carte comme au supermarché, qui nous convienne et quand ça nous convient, une foi sans engagement ni exigence, à notre sauce !

Pour mettre en pratique ce nouveau commandement de l’Amour, et pour que cela nous soit donné par le Saint Esprit à la Pentecôte, voici quelques recommandations et conseils, des grâces à demander au Saint Esprit.

S’attacher au Père comme Jésus l’a fait. Si nous ne cherchons pas d’abord le Seigneur, s’il n’est pas au centre, au cœur de notre vie personnelle, familiale, ecclésiale… nous risquons de nous épuiser et devenir des sarments secs destinés à être coupés pour être brûlés… « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Celui qui ne demeure pas en moi est un sarment qui se dessèche et qui ne porte pas de fruit. Sans moi vous ne pouvez rien faire ».

-Considérer nos frères et sœurs non plus comme des serviteurs, mais comme des amis, c’est-à-dire, des gens que nous cherchons à aimer chaque jour un peu plus malgré nos propres et imperfections et défauts… et les leurs ! Cela nécessite que nous soyons guéris de toute forme de jalousie, de rivalité, de querelle, de rancœur, d’orgueil, de quête de pouvoir… Pouvons-nous vraiment devenir des amis entre nous parce que notre amitié est fondée dans le Christ ?

C’est aussi donner sa vie pour les autres : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner la vie pour les gens qu’on aime ». Donner la vie pour la communauté ne signifie pas forcément mourir, mais cela signifie faire mourir notre égoïsme, notre amour propre, notre orgueil, pour se mettre, humblement et généreusement au service de la communauté, de la famille, de la société humaine ! Notre vie nous a été donnée, et elle est destinée à être donnée pour les autres pour se réaliser pleinement !

Pour finir, je reprends les paroles du Seigneur : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ». Aimer le Seigneur et se laisser aimer par Lui, aimer l’Église et se donner à elle et pour elle, aimer nos frères et sœurs dans la communauté, cela ne peut que donner la joie parfaite. C’est cette Joie du Seigneur que je souhaite à Amaury qui entame une autre étape pour sa vie… Il s’est donné, il a donné et il est encore appelé à donner dans la joie et l’espérance, mais dans un autre contexte. Prions pour que rien ne lui enlève cette joie de se savoir aimé du Père. C’est cette même joie que je souhaite aussi pour toute notre communauté paroissiale maintenant et dans l’avenir. Que le Seigneur nous donne de témoigner de sa joie chaque jour dans l’Église et dans le monde. Amen.

Ancien curé de l'ensemble paroissial