Mes chers frères et sœurs ! Au cours de la deuxième année du mandat de Donald Trump aux États-Unis d’Amérique, deux jours après l’enterrement de l’ancien président Georges Bush Père ; Vladimir Poutine était président de la Fédération de la Russie, Angela Merkel, chancelière depuis plus de 10 ans venait de quitter la présidence du parti conservateur allemand, Theresa May négociait le Brexit, l’Italie était gouvernée par des Populistes… En France, Emmanuel Macron, le jeune président de la République Française affrontait la première crise de son tout nouveau quinquennat avec les « Gilets Jaunes » le même week-end où l’Église Catholique, sous le pontificat du pape François, en la solennité de l’Immaculée Conception célébrait la béatification des moines de Tibhirine en Algérie !
Voilà quelques détails historiques, l’actualité du moment semblable à celle qui nous est décrit dans l’évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent. « L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. »
Saint Luc soucieux de précisions historiques, nous situe le personnage et le message du précurseur Jean-Baptiste préparant le peuple d’Israël à accueillir le Messie. Par ces détails précis, saint Luc nous dit une première chose : le Christ Jésus n’est pas le produit d’une fantaisie, n’est pas un mythe ! En effet, en Jésus Dieu s’est réellement fait homme, et il est venu au monde dans un lieu et un temps précis de l’histoire de l’humanité, pour une mission bien précise que tout l’évangile s’efforce de raconter.
Mais ces précisions historiques ont un autre objectif. Toutes les autorités politiques et religieuses mentionnées se situent dans une région, une religion et un peuple qui attendait un Messie, c’est-à-dire Israël. Mais la mention de l’empereur romain représenté par le gouverneur de Judée Ponce Pilate, veut nous rappeler que l’avènement du Messie dépasse la simple Judée et le peuple d’Israël pour embrasser l’histoire universelle de l’humanité connue à cette époque.
En effet, les Juifs de l’époque étaient convaincus que le Messie devait venir seulement pour eux, le Peuple élu. Jean-Baptiste corrige cette vision, en s’appuyant sur l’un des grands prophètes de l’histoire juive, Isaïe qui affirme que par le Messie attendu par Israël: « tout homme verra le salut de Dieu. » Chaque humain, et pas seulement les Juifs. Le salut qu’apporte Jésus, le Fils de Marie, l’Immaculée Conception, que nous nous préparons à accueillir en ce temps de l’Avent, vient sauver tout être humain, sans distinction d’origine, de culture, de condition sociale… L’évangile affirme ainsi, dès le début de la vie publique de Jésus, que par son incarnation, en devenant homme semblable à nous, c’est toute l’humanité qu’il veut sauver et chacun peut bénéficier de la grâce du salut du Christ.
Notons néanmoins que le salut ne peut nous atteindre comme la pluie ou le soleil. Ceux-ci ne dépendent ni de notre volonté ni de notre liberté. Qu’on le veuille ou pas, quand il neige, qu’il pleut ou qu’il fait beau dans une région, c’est tout le monde qui en bénéficie. Qu’on soit « gilet jaune » ou pas, de gauche ou de droite, croyant ou athée, nous sommes tous de la même façon bénéficiaires ou victimes des conditions climatiques. Il n’en est pas ainsi du salut. Jésus ne nous impose jamais le salut. Si sa volonté est de nous sauver, Jésus ne peut pas le faire sans notre liberté et notre adhésion. Dieu veut nous sauver, mais il ne peut pas le faire sans nous et contre nous ! Dieu respecte profondément notre liberté et attend de nous accueil et acceptation des grâces qu’Il nous apporte avec l’avènement de Noël. Nous pouvons, en toute liberté, accueillir ou refuser le salut qu’il nous apporte.
Le salut, c’est comme un cadeau ! Parce que la période de Noël est propice aux cadeaux, je peux me permettre de faire cette analogie. Quand on donne un cadeau, celui qui le reçoit, tend les mains pour le recevoir, et si c’est possible, fait une bise, verse quelques larmes de joie…. Il remercie ensuite, surtout s’il est heureux et que le cadeau lui fait plaisir. Hier on m’a parlé d’un collègue qui, pour son pot de départ, avait refusé le cadeau que les autres lui avaient offert parce que ce cadeau-là lui rappelait trop son boulot… alors qu’il voulait vraiment tourner la page et ne plus penser à ce boulot dans lequel il n’était pas très heureux. Quand on attend un ami, un parent, on prépare sa maison, le repas… Tout cela ce sont des signes qui montrent notre joie d’accueillir librement un cadeau, un ami…
En reprenant les paroles du prophète Isaïe, Jean-Baptiste proclame : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Le temps de l’Avent est une invitation à la conversion : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers, Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis »
Le temps de l’Avent est un appel à la conversion pour accueillir comme il se doit l’hôte extraordinaire et totalement autre qui vient nous visiter. Il s’agit de quitter l’hypocrisie, le mensonge, l’égoïsme, notre tiédeur dans la vie de foi, élargir et aplanir son cœur pour faire place au Christ qui est Lumière née de la Lumière… comme le dit Jean dans le prologue de son Évangile que nous professons chaque dimanche quand nous disons le Credo de Nicée-Constantinople. Jésus étant la vraie lumière, Il vient illuminer notre vie pour la libérer de toutes ces ténèbres et zones d’ombres qui sont en nous. Qui parmi nous pourrait honnêtement dire, en se regardant à travers la pure lumière du Christ que sa vie est parfaite et qu’il n’a rien à se reprocher, rien à convertir dans sa vie ? Personne ! Surtout pas celui qui vous parle. C’est dans ce sens que Jean Baptiste nous appelle à vivre le temps de l’Avent comme un temps de conversion.
Préparer la route au Seigneur, c’est d’abord convertir notre cœur et mener une vie qui soit authentiquement chrétienne dans sa substance et par sa force de témoignage. Préparer le chemin du Seigneur, c’est construire des ponts de paix dans nos familles en cette périodes où nous préparons les fêtes familiales, s’accueillir mutuellement dans nos familles, nos communautés et nos milieux professionnels. « Seigneur, donne-nous de voir les zones d’ombre que nous portons en nous-mêmes, et les ayant éclairées, donne-nous de Te laisser les habiter pour les convertir par ta présence. Amen. »