C – Veillée de Noël – « Le petit bébé qui vient de naître, dans une mangeoire, nourrira plus tard les foules affamées »

2018-12-30T20:16:55+01:0030 décembre 2018|

Mes chers frères et sœurs, chers enfants ! En cette fête de Noël, je voudrais aborder avec vous quatre éléments de la Nativité : le contexte historique du premier noël à Bethléem, la mangeoire, l’ange et les bergers.

D’abord le contexte historique. Comme nous l’avons entendu dans l’évangile, Jésus naît pendant que la Palestine est sous la domination Romaine. L’empereur César Auguste décide de faire un recensement pour savoir le nombre exact de ses hommes, de ses sujets sur lesquels il impose son pouvoir, pour fixer et augmenter des impôts. Les « gilets jaunes » n’existaient pas encore à cette époque ! L’empereur veut compter ses soldats, policiers et gendarmes sur toute l’étendue de son empire… Bref pendant que César Auguste mesure son pouvoir et veut imposer son poids dans l’Histoire, l’Enfant-Jésus va naître pour changer la trajectoire de l’Histoire. Qu’on soit chrétien ou pas, nous savons tous combien le premier Noël va marquer l’Histoire : nous regardons l’Histoire et comptons les années avant et après Jésus Christ.

Finalement, César Auguste qui pense guider et donner le cap à l’histoire est dans l’illusion  car c’est ce petit bébé qui vient de naître en pleine nuit, dans un dépouillement total, avec ses pleurs de bébé affamé, ses petits sourires sans malice ni hypocrisie, c’est lui, l’Enfant Jésus qui va donner un nouveau cap, une nouvelle orientation à l’Histoire de l’humanité. Comme la naissance d’un nouveau-né pour un jeune couple donne un nouveau cap et une nouvelle orientation pour la vie de famille, comme nous le voyons tous dans nos maisons et familles, de même, la naissance de Jésus dans l’histoire générale, et dans notre histoire personnelle change forcément notre vie.

En cette fête de Noël, rappelons-nous que Jésus veut naître dans ma propre histoire pour donner un sens à ma vie, me libérer de mes illusions de pouvoir, de joie, de bonheur, chasser mes angoisses pour faire jaillir la vraie joie, pour que ma vie soit plus joyeuse et pour que cette joie contagieuse se répande dans ma famille, auprès des amis qui célèbrent avec moi Noël aujourd’hui. En cette fête de Noël, n’oublions pas qu’avant tous les cadeaux, le plus beaux des cadeaux que Jésus me demande d’offrir à la famille et aux amis, autour du sapin, de la table… ou alors, autour de la crèche, c’est la Joie et l’Amour.

Le deuxième élément, c’est la mangeoire ! Contrairement à ce que l’on pense souvent, la mangeoire est la partie la plus sûre et la plus chaude d’une étable ! Aujourd’hui, la mangeoire, ce lieu où naquit Jésus est moins idéalisé. On aime redire qu’il est né dans froid ! Ça renforce le côté doloriste de certains chrétiens qui aiment tellement parler de sacrifices. En réalité, lors du premier Noël, dans cette étable où Marie et Joseph sont accueillis, leur bébé, le petit Jésus naît dans la partie la plus sûre et la plus chaude. Qu’y a-t-il dans une mangeoire ? De la nourriture pour les animaux !

En fait, nous oublions parfois que Jésus est né dans une mangeoire pour les animaux parce qu’il veut devenir lui-même nourriture pour chacun de nous. Ce petit bébé qui vient de naître, plus tard, nourrira les foules affamées. Aujourd’hui, Jésus se donne en nourriture pour chacun et chacune, une nourriture qui fait grandir en nous la vie éternelle. Que la mangeoire de Bethléem nous rappelle que Jésus est la vraie nourriture dont chacun de nous a besoin pour vivre pleinement.

Malheureusement, très souvent, nous pensons que nous n’avons pas besoin d’être nourris par Jésus, parce que nos vies sont déjà remplies par tant de choses ! Comme ceux qui se remplissent le ventre de chips et coca-cola au moment de l’apéro au point de manquer de place pour le bon plat et le bon vin qui est servi ensuite pendant le repas. En cette fête de Noël, regardons de quoi sont remplies nos vies, de quelles nourritures et boissons sont remplies nos âmes ! Je vous conseille de vous offrir personnellement un cadeau en cette fête de Noël : prendre la résolution de se laisser nourrir un peu plus chaque jour par Jésus lui-même, en lui laissant un peu plus d’espace, pas tant dans notre estomac ou notre ventre, mais dans notre cœur, affamé et assoiffé de joie, d’amour et de bonheur !

Le troisième élément, c’est l’ange et puis les autres anges : « il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu » L’ange, c’est le messager, et je voudrais souligner que l’ange est un messager de bonne nouvelle. Cet ange fait irruption dans la vie des bergers pour leur annoncer une bonne nouvelle, et chanter la gloire de Dieu au Ciel et la Paix aux hommes sur la terre. De plus en plus, j’entends, des amoureux, des époux, des parents, des gens s’appelant mutuellement « mon ange », comme une sorte de refrain. En cette fête de Noël, pouvons-nous nous engager dans nos familles, dans nos communautés, dans notre vie de couple, auprès de nos amis… de devenir vraiment des anges les uns pour les autres, c’est-à-dire qu’au lieu d’être ces pessimistes lourds qui dépriment, découragent, pourrissent l’ambiance, qui voient toujours et d’abord les mauvaises nouvelles ou le mauvais côté des choses… nous devenions des messagers de joie, d’espérance, des hommes et des femmes qui prennent soin les uns de autres, des gens qui rassurent par leur optimisme et leur joie. Et commençons dès aujourd’hui, quand nous allons nous retrouver en famille !

Le dernier élément, mais pas le moindre, ces sont les bergers. Pauvres bergers ! Ils étaient méprisés dans la culture et la religion juive parce que leur style de vie ne leur permettait pas de respecter les règles et prescriptions de la Loi de Moïse. Les bergers sont tellement en contact avec les animaux qu’ils n’étaient presque jamais en état de pureté légale et religieuse. Ils étaient ainsi au bas de l’échelle religieuse juive. Pourtant, ceux qui sont méprisés par la religion juive sont à Noël les premiers destinataires et bénéficiaires de l’annonce de la naissance de Jésus, le sauveur du monde. Jésus dira plus tard aux pharisiens et aux scribes qu’il est venu pour les pauvres, pécheurs, les malades, les exclus… En ce jour de Noël, que chacun de nous regarde autour de lui, pour voir la personne exclue du village, du quartier, de la famille, celle que personne ne veut inviter, celle qui ne recevra aucun cadeau… Montrons-lui un peu plus d’attention, de tendresse, pour que cette personne soit comme ces bergers exclus de tous, mais premiers bénéficiaires de la Bonne Nouvelle de Noël.

Puisse Jésus naître dans notre cœur, dans notre famille, dans notre communauté, notre pays, dans l’Église et notre monde pour nous rassasier de sa douce présence, comme dans la nuit de Noël à Bethléem. Joyeux Noël à vous tous.

Ancien curé de l'ensemble paroissial