« Dès le matin, le maître sortit embaucher des ouvriers pour sa vigne. » nous dit Jésus dans l’évangile de ce dimanche. C’est parce que des auditeurs de Jésus ont bien compris cette parabole que la Bonne Nouvelle a été annoncée ainsi sur notre plaine et nos coteaux et que nous écoutons à notre tour la Parole de Dieu chaque dimanche et même chaque jour que Dieu fait. Le Maître, c’est Dieu et les ouvriers qu’il embauche sont ceux qui voudront bien prendre soin de son peuple.
Parmi les auditeurs de Jésus, il y a ces hommes et ces femmes qui ont embarqué un jour vers l’Italie, l’Espagne ou la Gaule tels saint Pierre et saint Paul et, selon la tradition, Marie-Madeleine, Lazare et ses sœurs, Marthe et Marie. Ils savaient que la Vigne dont parle l’Ancien Testament, c’est le peuple d’Israël qui a besoin :
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de recevoir un enseignement sûr qui aille à l’essentiel et ne se perde pas dans les multiples interprétations tatillonnes des pharisiens que Jésus dénonce si souvent dans l’Évangile.
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D’être gouverné par des bons pasteurs qui remplaceront les grands prêtres (Sadducéens) qui « soutiennent qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit » (Ac 23, 8)
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D’être sanctifiés, c’est-à-dire participer à la sainteté de Dieu en le laissant agir en l’homme par les sacrements que le Christ a confié à l’Église : « baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Mt 28, 19)
Mais après la Pentecôte, les auditeurs de Jésus ont compris qu’il ne s’agissait pas seulement d’évangéliser Israël mais bien de prendre au sérieux son offre d’embauche : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Ils sont donc allés dans le monde entier, vers l’orient et vers l’occident, comme ce prêtre grec, Saturnin (Sernin), que le pape Fabien envoya vers la grande ville de Toulouse dont il fut le premier évêque, et y mourut martyr en 250.
« Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?» dit le Maître dans la suite de la parabole à ces hommes qui lui répondent : « Parce que personne ne nous a embauchés.» C’est exactement ce qu’avait ressenti Cécile pendant des années de pratique sur notre paroisse : elle venait en famille à la messe mais personne ne l’avait embauchée pour le catéchisme, la chorale, les fleurs, la sacristie ou l’un de ces nombreux services, visibles ou cachés qui font que nos paroisses continuent à annoncer la Bonne Nouvelle et prendre soin du peuple de Dieu. Cécile est aujourd’hui membre de l’Équipe d’Animation Pastorale qui aide le curé à prendre de sages et parfois audacieuses décisions. Elle partageait ainsi, à la rentrée de notre EAP, la frustration de s’être sentie seulement consommatrice pendant des années et la joie lorsque notre ancien curé est un jour venu l’embaucher pour « un travail utile », comme en témoigne saint Paul dans la deuxième lecture.
Personne ne nous a embauchés ? « Allez à ma vigne, vous aussi », dit Jésus ce dimanche aux chrétiens sous-employés. C’est ce que nous dit notre curé Gibson à la suite du Christ : « Je vous embauche ! »
Peut-être que parmi nous, en cette rentrée, cet appel sera pris au sérieux et que vous offrirez vos idées, vos talents, votre expérience et votre enthousiasme à l’Église qui vit entre plaine et coteaux, sur notre belle terre de Haute-Garonne.
Si vous répondez à l’offre d’emploi de Jésus, je vous informe qu’il n’y a pas d’avantages matériels à espérer mais que le salaire est pourtant énorme : de la fraternité et du pardon, de la prière et de l’action, de la belle tradition et de l’innovation. Et tout cela dans la joie de l’Esprit-Saint.
Chiche ?
Père Pascal Fagniez