Sixième dimanche de Pâques, nous poursuivons notre périple avec l’évangile de St Jean, et nous avons de surcroît un texte de l’Apocalypse. Le mot apocalypse, évoque en premier lieu une catastrophe, un cataclysme, avec le plus souvent une connotation de fin du monde. Je ne sais pas si vous connaissez cette série de documentaire sur la seconde guerre mondiale qui s’intitulait : »Apocalypse ». Cela faisait froid dans le dos, et la période que nous vivons ne peut qu’amplifier ce sentiment de crainte quant à notre devenir. Il est bon de revenir à l’étymologie du mot Apocalypse1. En fait l’origine de ce mot veut dire révélation, dévoilement.
Jean emporté par l’Esprit nous révèle dans son livre ce que sera la cité sainte de Dieu, la Jérusalem céleste, ce que l’on nomme aussi le royaume de Dieu. « Elle avait en elle la gloire de Dieu… » Elle possède l’éclat d’une pierre très précieuse, avec en plus toute la symbolique qui accompagne le chiffre 12. Cité sainte sans aucun sanctuaire, sans aucun lieu saint en particulier, c’est la ville toute entière qui est le sanctuaire de Dieu. Ville dont le Seigneur lui-même en est la lumière. Certes, c’est une vision à échelle humaine, mais elle nous donne un tout petit avant goût de ce que sera le royaume de Dieu, Royaume où nous serons définitivement en Dieu.
« Frères et sœurs notre cité se trouve dans les cieux », par la foi en notre baptême et par la grâce de Dieu, nous sommes des citoyens du ciel, des citadins en devenir de la ville de Dieu, ne l’oublions jamais. Mais ce royaume n’est pas seulement à venir il est déjà là, présent ici bas. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » Promesse de Jésus, Dieu vient faire sa demeure en tout homme qui garde sa Parole et ses commandements. Par le don de l’Esprit Saint, nous avons la grâce que Dieu demeure en nous, faisant ainsi de chacun un « lieu saint » où Dieu peut habiter, si nous l’accueillons dans la foi. C’est par cette présence en nous, que le Seigneur se rend présent au monde et dans son Église. Dieu présent, c’est le déjà-là du royaume des cieux. C’est à la manière d’une mesure de levure enfouie dans la farine, qui fait lever toute la pâte sans qu’on puisse y déceler sa présence. Seul l’Esprit peut nous aider à comprendre ce mystère du royaume, seul il peut nous faire prendre conscience que nous sommes chacun ce temple de l’Esprit.
Demandons la grâce de prendre de plus en plus conscience que Dieu est présent dans son peuple, qu’il est présent en moi, mais aussi dans l’autre, c’est-à-dire dans tout homme qui lui ouvre sa ville intérieure. Présent dans les sacrements, présent dans et par sa Parole, présent par le don du St Esprit. Voilà de quoi encourager le Seigneur à ne pas déménager, pour ne pas laisser notre ville ou notre maison vide de tout sens. Voilà aussi de quoi nous aider à traverser les moments difficiles de nos existences en nous rappelant que nous avons un visa pour le ciel. Nous ne sommes que de passage ici bas. Quand plus jeune j’allais au catéchisme, on m’a enseigné que nous n’étions que de passage, et qu’il nous fallait passer notre vie ici bas à préparer notre ciel. C’était une notion un peu compliquée pour moi, qui ne pensais que foot et jeux avec les copains, qu’aux plaisirs immédiats en fait. Encore aujourd’hui découvrir sa présence en tous reste un chemin de tous les jours. Découvrir, que ce n’est pas un grenier plein de blé qui va nous sauver, que ce n’est pas une bonne situation qui va nous servir de visa céleste, que ce n’est pas la gloire que nous pourrions tirer de nos actes, mais les actes que nous posons pour la gloire de Dieu, qui sera chemin de salut. « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Voilà sûrement la finalité de toute vie dans l’Esprit, vivre en colocation avec le Seigneur, et le rendre présent.
« Notre cité se trouve dans les cieux, nous verrons l’épouse de l’Agneau, resplendissante de la Gloire de Dieu. » Jésus nous invite à le laisser demeurer en nous, pour que nous demeurions en lui, il nous donne sa paix, comme personne ne peut nous donner la paix comme lui. Alors frères et sœurs, qu’est-ce qui peut encore nous retenir, de nous jeter d’avantage en toute confiance dans ce projet de vie…..Éternelle ? Nous avons le chemin, la vérité, et la vie avec nous.
1 Étymologie. ( XII e siècle) Du latin apocalypsis (« révélation »), lui-même emprunté au grec ancien ἀποκάλυψις , apokálupsis (« dévoilement, révélation »).