Dans l’Évangile, tiré des discours d’adieu de Jésus, se profilent en arrière plan trois sujets mystérieux, unis entre eux. « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière… Tout ce qui appartient au Père est à moi [au Fils !] ». En réfléchissant sur ces textes et d’autres textes de la même teneur, l’Église est parvenue à sa foi en Dieu un et trine.
Ce serait prétentieux de vouloir « expliquer Dieu. » De la même manière que je ne peux pas « expliquer » quelqu’un, dans le sens de « dire » ce qu’est la personne. Je ne peux pas non plus « expliquer » Dieu. Lorsqu’il s’agit de nous, la seule personne qui peut « se dire » c’est nous-même. Je ne peux pas arriver et affirmer avec certitude qui vous êtes. Je ne peux que m’approcher de ce que vous êtes, à partir de ce que je peux connaître de vous, ou de ce que vous, vous donnez à connaître. Mais je ne pourrais jamais vous « définir » complètement. Nous ne pouvons que nous approcher de ce qu’est l’autre. Ça ne veut pas dire que je ne peux pas dire quelque chose de l’autre. Mais jamais la totalité ! Avec Dieu, nous sommes dans le même cas. Et c’est cela que nous appelons « le mystère. » Mystère de Dieu, mystère de la personne.
Nous ne pouvons pas avoir une emprise sur le mystère, mais nous pouvons le toucher, le sentir, le vivre, le reconnaître.
L’Église croit à la Trinité, non pas parce qu’elle prend goût à compliquer les choses mais parce que cette vérité lui a été révélée par le Christ. La difficulté de comprendre le mystère de la Trinité est un argument en faveur, et non contre le caractère véridique de ce mystère. Aucun homme n’aurait pu, de lui-même, imaginer un tel mystère.
Le mystère de la sainte Trinité est appelé par les Docteurs la substance du Nouveau Testament, c’est-à-dire le plus grand de tous les mystères, la source et le fondement des autres.
« lorsque nous parlons de la sainte Trinité, il faut de la prudence et de la réserve, parce que comme le dit saint Augustin, il n’y a pas de sujet où l’erreur soit plus dangereuse, les investigations plus laborieuses, ni les découvertes plus fructueuses. »
Dans ce texte tiré du Livre des Proverbes 8,22-31 lu en cette fête de la Trinité, la Sagesse, personnifiée, est la première image de la présence active de Dieu dans le monde : elle préfigure Jésus.
La Sagesse apparaît comme une figure mystérieuse, à la fois créée par le Seigneur et incréée, précédant le reste de la création, compagnie et collaboratrice, présence pour Dieu et pour les hommes.
Le Créateur ordonne le monde et en fixe les lois. Mais la Sagesse est à ses côtés pour cela, « comme un maître d’œuvre ». Le dernier mot est important : elle trouve ses délices en Dieu et avec les hommes, annonce de l’Incarnation.
Dans la deuxième lecture de la fête de la Trinité, Romains 5,1-5, ce sont les trois vertus théologales, foi, espérance et charité que saint Paul met en relation :
La foi nous ouvre le monde de Dieu, un monde de la grâce où nous entrons en croyant en Jésus Christ et en accueillant le don de l’Esprit Saint : l’espérance ne déçoit point parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs. Ce sont ces vertus déposées au jour de notre baptême par la Trinité, baptisés que nous sommes au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Dans l’évangile de Jean 16,12-15 proclamé en cette fête de la Sainte Trinité, c’est l’Esprit qui nous guide « vers la vérité tout entière ». C’est dans l’Église que cette Parole s’est accomplie et que dans les premiers siècles s’est affirmée la divinité de Jésus au concile de Nicée en 325 et la divinité du Saint Esprit au concile de Constantinople en 381.
Le psaume, lui, nous rappelait que l’homme est au sommet de la création de Dieu : tu mets toutes choses à ses pieds : parce que l’homme est le seul créé à l’image de Dieu, ce qui nous éloigne de certaines théories écologistes qui mettent tout le vivant sur un même plan de respect et de valeur. L’homme est créé à l’image de Dieu, homme et femme il les créa : image de la communion des personnes divines.
C’est dans la famille que cet enseignement s’applique d’abord et le plus naturellement. La famille devrait être un reflet terrestre de la Trinité. Celle-ci est faite de personnes diverses de par leur sexe (homme et femme) et leur âge (parents et enfants), avec toutes les conséquences qui dérivent de ces diversités : des sentiments différents, des attitudes et des goûts différents.
Nous voyons en conclusion à travers tout cela combien il est erroné de considérer la Trinité comme un mystère éloigné de la vie, qu’il convient de laisser à la spéculation des théologiens. Au contraire ce mystère est extrêmement proche, pour une raison très simple : nous avons été créés à l’image du Dieu un et trine, nous en portons l’empreinte et sommes appelés à réaliser cette même synthèse sublime d’unité et de diversité. Devant ce grand mystère du seul et unique Dieu qui est à la fois Père, Fils et Saint Esprit, faisons silence et rappelons-nous que puisque Dieu est Amour, c’est lui qui m’apprendra à mieux aimer les autres.