Déjà dimanche dernier, les textes du jour nous parlaient de la prière. La semaine dernière, on nous parlait plutôt de comment doit être notre prière : persévérante, patiente, pleine de confiance et de justice en nous montrant l’exemple de cette veuve qui inlassablement sans se décourager renouvelait la même demande au juge inique. Cette semaine, la liturgie nous met plutôt en lumière l’homme face à Dieu dans ce moment particulier de la prière. Qui sont-ils ceux qui prient et comment se présentent-ils devant Dieu ?
Comment nous sont présentés dans les diverses lectures de ce dimanche nos priants ?
Dans le premier texte tiré de Ben Sira le Sage. Trois situations de pauvreté sont évoquées particulièrement : celle de l’opprimé, de l’orphelin et de la veuve. Leur prière est répétée, faite de supplication, de plainte, forte au point de « traverser les nuées » Elle est inlassable et confiante en la justice divine. Le Très-Haut n’est pas un juge comme ceux de la terre, il est impartial nous dit le texte et voit qui sont les justes et leur fait droit. La prière du pauvre est simple, droite, d’une totale sincérité, elle rejoint le cœur miséricordieux de Dieu.
Dans le psaume 33, et le refrain du psaume chanté nous le dit : ‘Un pauvre crie, le Seigneur entend » Les pauvres savent crier vers Dieu : leur prière est un cri, un appel au secours. Savons-nous crier dans notre prière ? Une certaine forme d’éducation nous en empêche. Un autre verset du psaume nous dit que Dieu « écoute, attentifs à leurs cris » Il y a vraiment une relation qui s’établit dans la prière entre le pauvre et Dieu : « Le pauvre a crié, Dieu l’écoute et le sauve »
Et remarquons aussi en passant la richesse de la prière du psalmiste : Il bénit le Seigneur. Il loue le Seigneur de voir que les pauvres de cœur sont les bénis du Père. Mettons-nous à l’école de la prière des psaumes pour apprendre toutes les gammes de la prière.
Dans le troisième texte qui est une lettre de Paul, St Paul écrit de Rome à son fidèle disciple Timothée. L’apôtre des Nations est arrivé au bout de sa course. Il nous confie son désarroi « La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné » Mais St Paul a une confiance totale en la justice de celui qu’il a servi et dont il a témoigné devant le tribunal de Rome : le Christ.
St Paul prie sans se décourager car l’apôtre désire avec amour la manifestation de la gloire du Christ. La prière de Paul est centrée sur le Christ, qu’il veut glorifier.
Et nous arrivons dans cette page d’Évangile à cette célèbre parabole du pharisien et du publicain. Nous la connaissons trop bien cette scène d’Évangile et nous pouvons facilement passer à coté de son enseignement.
Première remarque : Que l’on soit pauvre ou riche, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Paradoxalement dans l’évangile, le publicain est souvent plus riche que le pharisien. Il est au ban de la société à cause de critères sociaux et non pas économiques. Le publicain est collecteur d’impôts, collabore avec l’occupant, occupe des postes qui contreviennent à la loi mosaïque, et donc bien souvent est plus à l’aise financièrement que le pharisien.
La différence entre les deux est en rapport avec la Loi ; le pharisien mène une vie conforme à la loi de Dieu, le publicain non. Le Pharisien a une vie morale exemplaire en respectant les rites et les prescriptions de sa religion. Le publicain a une vie morale moins exemplaire, il n’est pas « pur », ce n’est pas un modèle pour la communauté juive.
Le pharisien a donc raison si l’on suit la logique biblique et humaine ; il peut rendre grâce car il n’est pas comme les autres et dans la Bible on souligne cela comme une chose positive.
Là ou tout dérape pour le pharisien c’est qu’il se voit d’un œil trop flatteur et qu’il tombe dans le péché d’orgueil ; Il se croit plus juste que les autres et surtout que le publicain et il tombe dans le mépris pour eux.
Le publicain échappe à cette tentation d’orgueil car les autres sont là pour rappeler qu’il est voleur, injuste, adultère… le publicain ne peut qu’emprunter le chemin de l’humilité dans sa prière. La prière du pharisien reste enfermée sur lui-même et il se montre trop satisfait de lui-même. Il n’a pas besoin de Dieu, il se suffit à lui-même. La loi et le respect de la loi a pris la place de Dieu dans son cœur.
La prière du publicain est en revanche celle d’un homme pécheur qui ne peut se justifier lui-même, d’un homme qui a besoin de Dieu et qui ne peux compter que sur Dieu pour lui pardonner et le sauver.
En conclusion, pour être justifié dans sa prière, être ajusté dans sa prière avec Dieu, il faut reconnaître que seul Dieu est juste et que lui seul peux me justifier et me sauver. Il nous est demandé dans la prière de nous situer à notre place et de ne pas prendre la place de Dieu ; c’est ce que nous dit Jésus dans cette parabole. Nous savons tous par l’expérience que nous pouvons les croyants facilement être plus pharisien que publicain. Prions au cours de cette Eucharistie le Seigneur pour que nous retrouvions tous le sens de notre péché pour entrer dans le mystère du salut et le message du Christ.