Je voudrais parcourir avec vous les textes de ce dimanche à la lumière de cette journée mondiale du pauvre, ce dimanche institué depuis l’année de la miséricorde par le Pape François.
Cette année le thème est : Jésus Christ s’est fait pauvre à cause de vous (cf. 2 Co 8, 9). C’est par ces paroles que l’Apôtre Paul s’adresse aux premiers chrétiens de Corinthe, pour donner un fondement à leur engagement de solidarité envers leurs frères dans le besoin. La Journée Mondiale des Pauvres revient cette année encore comme une saine provocation pour nous aider à réfléchir sur notre style de vie et sur les nombreuses pauvretés actuelles.
Richesse et pauvreté sont des thèmes qui parcourent abondamment la Bible et ils sont présents dans les textes de ce dimanche.
Malachie nous parle de l’avenir : des temps derniers :
Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille.
Le jour qui vient les consumera,– dit le Seigneur de l’univers –,il ne leur laissera ni racine ni branche.
Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.
L’arrogance et l’impiété au jour du jugement feront place à un feu qui consumera le néant de telles attitudes : il restera de la paille, ni racine ni branche. Ainsi en es-il de ceux qui vivent centrés sur eux et leurs richesses sans être solidaires avec les autres, et participant même à l’accroissement de pauvreté.
Voici ce qu’en dit le Pape : «nous ne sommes pas au monde pour survivre, mais pour qu’une vie digne et heureuse soit permise à chacun. Le message de Jésus nous montre la voie et nous fait découvrir qu’il existe une pauvreté qui humilie et tue, et qu’il existe une autre pauvreté, la sienne, qui libère et rend serein. »
La pauvreté qui tue, c’est la misère, fille de l’injustice, de l’exploitation, de la violence et de l’injuste répartition des ressources. C’est la pauvreté désespérée, sans avenir, parce qu’elle est imposée par la culture du rejet qui n’offre ni perspectives ni issues. C’est la misère qui, pendant qu’elle impose une condition d’extrême indigence, affecte aussi la dimension spirituelle, laquelle, même si elle est souvent négligée, existe cependant et compte. Quand la seule loi devient celle du calcul du gain au final, il n’existe plus de freins à la logique d’exploitation des personnes : les autres ne sont que des moyens. Le juste salaire, le juste horaire de travail n’existent plus, et de nouvelles formes d’esclavage sont créées, subies par des personnes qui n’ont pas d’alternative et qui doivent accepter cette injustice empoisonnée afin de grappiller un minimum pour leur subsistance.
La pauvreté qui libère, en revanche, est celle qui se place devant nous comme un choix responsable pour s’alléger du lest et se concentrer sur l’essentiel. En fait, on rencontre souvent ce sentiment d’insatisfaction que beaucoup éprouvent car ils sentent leur manquer quelque chose d’important, et partent à sa recherche comme des personnes errantes, sans but. Désireux de trouver ce qui peut les satisfaire, ils ont besoin d’être orientés vers les petits, les faibles, les pauvres pour comprendre finalement ce dont ils ont vraiment besoin. Rencontrer les pauvres permet de mettre fin à beaucoup d’anxiétés et de peurs inconsistantes, d’atteindre ce qui compte vraiment dans la vie et que personne ne peut nous voler : l’amour vrai et gratuit. »
Que résonnent la mer et sa richesse,
Dans Laudato si, le Pape dit : « C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui « gémit en travail d’enfantement ». »
Beaucoup d’ espèces sauvages sont en voie de disparition : la mer et sa richesse peuvent disparaître et entraîner l’homme dans le cercle infernal de la pauvreté : « De fait, la détérioration de l’environnement et celle de la société affectent d’une manière spéciale les plus faibles de la planète : « Tant l’expérience commune de la vie ordinaire que l’investigation scientifique démontrent que ce sont les pauvres qui souffrent davantage des plus graves effets de toutes les agressions environnementales ». Par exemple, l’épuisement des réserves de poissons nuit spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale et n’ont pas les moyens de la remplacer ; la pollution de l’eau touche particulièrement les plus pauvres qui n’ont pas la possibilité d’acheter de l’eau en bouteille, et l’élévation du niveau de la mer affecte principalement les populations côtières appauvries qui n’ont pas où se déplacer. L’impact des dérèglements actuels se manifeste aussi à travers la mort prématurée de beaucoup de pauvres, dans les conflits générés par manque de ressources et à travers beaucoup d’autres problèmes qui n’ont pas assez d’espace dans les agendas du monde. »
Saint Paul lui aussi nous rappelle la valeur du travail pour la dignité humaine et pour se procurer le pain quotidien. « le pain que nous avons mangé, nous ne l’avons pas reçu gratuitement. Au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous. »
Sans travail la pauvreté frappe à la porte : comme l’écrivait Jean-Paul II dans laborem exercens : « les pauvres apparaissent en de nombreux cas comme un résultat de la violation de la dignité du travail humain: soit parce que les possibilités du travail humain sont limitées – c’est la plaie du chômage -, soit parce qu’on mésestime la valeur du travail et les droits qui en proviennent, spécialement le droit au juste salaire, à la sécurité de la personne du travailleur et de sa famille. »
On ne peut pas non plus, nous dit saint Paul, encourager une vie qui profite de la société et de ses avantages : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus.
Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : « qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. »
Enfin l’évangile nous rappelle les situations humaines pourvoyeuses de pauvreté : la guerre, les famines, les épidémies « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies »;
Le pape François écrit dans son message : « Il y a quelques mois, le monde sortait de la tempête de la pandémie en montrant des signes de reprise économique qui aurait soulagé des millions de personnes appauvries par la perte de leur emploi. S’ouvrait une perspective de sérénité, qui, sans faire oublier la douleur de la perte des proches, promettait de pouvoir enfin revenir aux relations interpersonnelles directes, de se rencontrer à nouveau sans contraintes ni restrictions. Et voici qu’une nouvelle catastrophe s’est présentée à l’horizon, destinée à imposer au monde un scénario différent.
La guerre en Ukraine est venue s’ajouter aux guerres régionales qui, ces dernières années, ont semé mort et destructions. »
Le pape cite enfin Frère Charles de Foucauld, « un homme qui, né riche, a tout abandonné pour suivre Jésus et devenir avec lui pauvre et frère de tous. Sa vie d’ermite, d’abord à Nazareth puis dans le désert saharien, faite de silence, de prière et de partage, est un témoignage exemplaire de pauvreté chrétienne. Il nous sera bon de méditer ses paroles : « Ne méprisons pas les pauvres, les petits ; non seulement ce sont nos frères en Dieu, mais ce sont ceux qui imitent le plus parfaitement Jésus dans sa vie extérieure : ils nous représentent parfaitement Jésus, l’Ouvrier de Nazareth. Ils sont les aînés parmi les élus, les premiers appelés au berceau du Sauveur. Ils furent la compagnie habituelle de Jésus, de sa naissance à sa mort. Honorons-les, honorons en eux les images de Jésus et de ses saints parents […]. Prenons pour nous [la condition] qu’il a prise pour lui-même […].Ne cessons jamais d’être en tout pauvres, des frères des pauvres, des compagnons des pauvres, soyons les plus pauvres des pauvres comme Jésus, et comme lui, aimons les pauvres et entourons-nous d’eux » [1]. Pour Frère Charles, ce ne furent pas seulement des mots, mais un style de vie concret l’amenant à partager avec Jésus le don même de la vie.
Que cette 6ème Journée Mondiale des Pauvres devienne une occasion de grâce pour faire un examen de conscience personnel et communautaire et nous demander si la pauvreté de Jésus-Christ est notre fidèle compagne de vie. »
Témoignages de la maisonnée de la Fraternité 2022 :
Je m’appelle André.
Je suis arrivé à la Maison de la Fraternité par le Secours Catholique. Je faisais une dépression suite aux décès de mon épouse après mes parents, et un frère sur quelques années, et mon beau-fils m’a interdit de voir ma fille et mes petits-enfants. On m’a dit qu’à la Maison de la Fraternité je pourrai parler.
J’ai connu toute l’équipe. Ils m’ont relevé le moral petit à petit par leur gentillesse et le retour à la prière le dimanche. J’ai connu la Vierge Marie qui s’occupe de moi avec tous les saints.
Je viens à la Maison de la Fraternité tous les samedis matin et je prie pour ceux qui me l’ont demandé.
J’ai retrouvé l’équilibre, je n’ai plus l’appréhension pour aller à droite ou à gauche. J’ai eu affaire à une association qui m’a aidé pour les vêtements. Je me suis mis à faire comme eux : je récupère des vêtements, je les lave et je les distribue gratuitement à droite et à gauche. Et s’il faut rendre un service, je le rends.
Je m’appelle Danielle et je viens surtout au Jardin Partagé de la Maison de la Fraternité et à la bibliothèque le samedi après-midi.
Depuis septembre 2021, je me rends plusieurs fois par semaine à la Maison de la Fraternité. C’est un endroit où je me sens bien. Pourquoi ? Parce que les personnes sont vraies. On vient comme on est ! Nous sommes tous frères et sœurs ! C’est comme une grande famille accueillante, généreuse qui nous offre des moments conviviaux autour d’un jardin partagé, ou autour d’un choix de livres à la bibliothèque. Des amitiés se créent sans jugement et sans critique, à l’occasion de formations, de réunions et de temps de prière.
Nous avons tous besoin à un moment ou à un autre d’être reconnu, encouragé, valorisé.
Je suis heureuse de faire partie de cette grande famille, qui ne cesse de grandir dans la joie, la paix et l’espérance d’une vie meilleure, pour ceux qui en ont le plus besoin. Merci de m’accueillir tel que je suis.
Bonjour. Je ne dirai pas mon nom, je vais au Jardin Partagé depuis peu. Cela m’apporte une activité physique de faible intensité, et la rencontre de chrétiens dont je ne connais ni la vie ni la pensée profonde, et cela m’apaise.
Vous qui êtes fragiles, démunis face aux aléas de la vie (deuil, solitude, précarité), venez retrouver la Maison de la Fraternité où la parole est la meilleure thérapie : on vous écoute sans jugement, vous êtes réconforté dans cette ambiance conviviale, ignorant votre race et religion.
Maison de la Fraternité, le samedi de 10h à midi, 23 bis rue des Écoles à Saint Alban.