Dés qu’il a reçu l’onction du prophète Samuel, David a affronté et vaincu Goliath le Philistin. Son nom David signifie « bien-aimé ». Il est le premier roi d’amour, il reste pécheur, mais déjà il sauve son peuple grâce à sa foi. Les juifs attendront et attendent encore le « fils de David », que nous avons la chance de connaître, Jésus dont le nom Yéshoua signifie « Dieu sauve ».
Mille ans plus tard, saint Paul invite les chrétiens de Colosses à remercier le Père qui nous donne le Royaume de son Fils Jésus, le vrai Roi du monde. Car tout est créé par sa Parole et nous sommes créés pour le rejoindre. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui… Il nous rejoint pour que nous entrions dans son Royaume de pur amour. Ce Royaume de Jésus est encore peu visible. Trois mille ans après David, aujourd’hui, les divisions sont encore là, à Jérusalem, entre juifs et palestiniens, mais sous les plans de la ville, il est écrit : « priez pour la paix à Jérusalem ».
Pour nous, le sang versé est plutôt signe de souffrance et de guerre, mais Jésus le donne par pur amour en demandant au Père : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » En communiant à son corps ou son sang, j’accueille ce pardon pacifiant qui dépasse mon intelligence, je reçois la nourriture du Royaume, la chair et le sang du Roi mort et ressuscité.
Jésus est arrêté, fouetté, moqué, ridiculisé. Les moqueries tombent souvent sur les faibles, c’est facile. Un Messie faible, c’est inconcevable, impensable pour un juif normal. Jésus montre sa force et sa royauté sur la croix, mais elles ne sont pas là où la foule regarde.
Les chrétiens peuvent regarder Jésus « méprisant la honte » (Heb 12,2), méprisant le mépris lui-même, échappant aux jugements tordus que le Tentateur, le Diviseur nous inspire souvent. Quelle liberté, quelle force d’âme en Jésus ! En effet, Jésus ne se regarde que dans le regard du Père, pas dans le regard des hommes. Je peux demander cette grâce libérante.
Le nom de Paul signifie faible, chétif, ce n’est pas le nom que ses parents lui ont donné, c’est pour se moquer de son aspect malingre qu’on l’a appelé Paulus. C’est pourquoi, avant d’être converti, Paul avait horreur de sa faiblesse et de la faiblesse de ce Jésus, qu’il considérait comme un faux Messie et combattait en pourchassant les chrétiens. Après sa conversion, il écrit au contraire : « Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens ! Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » (1 Co 1,22-25)
Le spectacle du mal scandalise les hommes. Les athées disent : « si Dieu existait, il supprimerait les souffrances et le mal du monde. » Mais ce dieu là, qu’ils inventent, serait un magicien, ce n’est pas le vrai Dieu d’amour que révèle notre foi. Jésus prend sur lui tout le mal, il porte lui-même le grand scandale de la croix. Le Roi du monde est là qui écrase la haine par son humilité. En réalité Dieu nous aime tellement qu’il veut non seulement nous pardonner et nous relever, mais aussi nous associer à son combat et à sa victoire ! Jésus porte sur lui la croix qui montre le décalage choquant entre l’Amour livré et son rejet par les hommes. Est-ce que j’accueille ce scandale de l’amour qui n’est pas aimé ? Est-ce que je fais vraiment partie de son équipe ?
Le premier au Paradis est un voleur, un bandit ! Ce mot paradis vient d’Iran et signifie : jardin royal. La miséricorde de Jésus éclate à nos yeux : un bandit pardonné entre au jardin royal ! Sur la croix, Jésus règne, non pas en donnant des ordres, mais en donnant son pardon, son sang, son souffle, et même l’eau de la péricardite qui l’a emporté, il est victorieux de la haine et des pires humiliations. Il n’est reconnu roi que par le pécheur repenti : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Il n’y a pas plus innocent que Jésus venu sauver l’humanité, il n’y a pas pire supplice que la croix, il n’y a pas plus injuste et scandaleux que la mort du Sauveur en croix. Jésus a vaincu le supplice par son amour. L’Église accueille la croix comme lieu et symbole de victoire et non plus de honte. Le chrétien est invité à accueillir la croix comme fierté d’être aimé jusque là, il est choisi par le Roi pour en témoigner !
Et moi, est-ce que je crois en sa royauté ? Est-ce que je lui donne en mon âme la première place, le trône, ou un petit strapontin ? Je peux contempler quelques minutes Jésus innocent assumant sur la croix toutes les injustices du monde. Je peux lui dire qu’il est mon roi d’amour, et celui dont l’humanité a tant besoin.