Pour la fête de la Sainte Famille cette année, l’Église nous invite à méditer sur l’exemple du couple Abram (Abraham) et Sarah dans la Genèse, d’un autre couple Joseph et Marie qui se rendent en pèlerinage au temple de Jérusalem pour présenter, consacrer leur fils à Dieu. Lors de ce pèlerinage, ils rencontrent Syméon, un vieillard, et Anne, une veuve âgée. Et ce qui fait qu’aucun des couples qui nous sont proposés ici ne semble vraiment « ordinaire ». Abraham a 100 ans et Sarah 90 ans quand elle met au monde Isaac, dont le prénom veut dire « Il rit ». Marie qui a fait vœu de virginité a conçu un enfant du Saint Esprit et Joseph sera le père adoptif. A Dieu rien n’est impossible.
I – Relation à Dieu : Foi, Alliance, Ajustement.
Peut-être que ce qui les rapproche d’abord, avant tout ces couples et essentiellement, c’est leur relation à Dieu. Alors on va revenir sur la relation à Dieu de Abram. Abram dans le texte qu’on a entendu, Dieu s’approche de lui, – c’est Dieu qui s’approche, qui vient à la rencontre d’Abram et qui lui dit : “ne crains pas. Ta récompense sera très grande”. Et là Abram se tourne vers Dieu et lui dit : “Une grande récompense alors que je n’ai pas d’enfants. J’ai 75 ans quand même » Et Dieu lui dit : “ je te donnerai une descendance tellement nombreuse qu’on ne pourra pas la compter. Autant que les étoiles du ciel, que les grains de sable sur une plage !” Et de fait, Abram fait confiance à Dieu. C’est ce que nous dit la Lettre aux Hébreux d’ailleurs.
Ce qui est caractéristique d’Abram, c’est sa foi. Il fait confiance à Dieu. Et là Abram accepte d’entrer dans une relation qui est une relation de confiance, une relation de fidélité, une relation de foi avec Dieu
Deuxième caractéristique de cette relation, c’est Dieu qui s’approche d’Abram et qui lui propose une alliance. Et vous savez que pour faire alliance, il faut se considérer l’un et l’autre comme des égaux. S’il y a un déséquilibre au sein d’une alliance, très rapidement ça devient un protectorat, ou une forme d’esclavage. Donc là, on a une alliance, où Dieu se fait l’égal d’Abram, où Dieu élève Abram à son niveau. Abram va changer de nom un peu plus tard quand Dieu renouvellera son alliance avec lui, il l’appellera Abraham : « Père d’une grande multitude ».
Et enfin la troisième caractéristique d’Abraham, c’est qu’il est juste. C’est ce que nous dit encore la Lettre aux Hébreux. Juste : il faut le penser dans une relation encore. Celui qui est juste, c’est celui qui est sur la bonne note par rapport aux autres, celui qui est accordé, celui qui sait s’ajuster au projet de Dieu. Donc Abraham, il est ajusté à la volonté de Dieu. Donc il est juste. Il est… comme l’écrou qui va bien sur la vis.
Alors c’est vrai pour Abraham, c’est vrai aussi pour Sarah. C’est encore ce que nous dit la lettre aux Hébreux : « Sarah, elle aussi, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance, parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses ». Elle pensait bien Sarah. Au moment où elle entend cette promesse, elle a 75 ans et elle aura son fils, Isaac, quand elle en aura 90 ans Alors on a cette image d’Abraham et de Sarah qui ont une relation avec Dieu. Et en fait, on pourrait faire la même chose, le même travail sur Syméon dans sa relation avec Dieu, qui lui aussi fait confiance, qui croit que les promesses de Dieu seront tenues. C’est vrai pour la prophétesse Anne. C’est vrai pour Marie et pour Joseph.
II – Relation des époux, relation familiale.
Finalement, ces trois mots, ces trois idées, ces trois thèmes de confiance, d’alliance et d’ajustement, est-ce qu’on ne pourrait pas les utiliser pour une autre réalité ? La réalité du mariage. Est-ce que vous qui êtes mariés, vous ne vous faîtes pas confiance l’un à l’autre ? Est-ce que vous n’avez pas engagé votre foi pour l’autre ? Est-ce que vous n’avez pas choisi la fidélité ? Est-ce que vous n’avez pas fait alliance, pour être dans une relation d’égal à égal et vous engagez pour vivre un projet commun ? Est-ce que vous n’êtes pas en permanence d’effectuer ce travail d’ajustement l’un envers l’autre ? C’est un combat ! De fait, la relation à Dieu et la relation des époux dans le mariage, elle est assez ressemblante quand même.
Et parfois on rate ! Et là encore, on peut repenser à Abraham et Sarah. Ils ont entendu la parole de Dieu. Et puis cela ne les empêchera de se dire : “Bon, puisque la promesse de la descendance, elle ne vient pas, eh bien on va mettre la charrue avant les bœufs. Sarah va demander à Agar de donner une descendance à Abraham. Et ce sera Ismaël. Et puis, il y aura le bébé du miracle : Isaac, promis après la rencontre des 3 visiteurs sous le chêne de Mambré.
Pour Anne, on sait qu’elle s’est retrouvée veuve après 7 ans de mariage, sans enfants. Donc là aussi, le combat, elle l’a connu. Et lorsqu’on se penche sur Joseph et sur Marie, on pourrait se dire : “Voilà un couple parfait ! Ils ont été prévus de toute éternité l’un pour l’autre, par Dieu. Pour donner naissance à son fils unique, Jésus, le sauveur du monde”. Et voilà que Marie entend une révélation : « un glaive te transpercera le cœur ». Et nous savons que c’est effectivement ce qui s’est passé. Donc même la Sainte Famille, elle a connu des combats et des difficultés, les épreuves de la vie.
III – Que signifie donc cette fête de la Sainte Famille instituée récemment par le pape Pie XI ?
D’abord que la famille peut être sainte ! ça, c’est une bonne nouvelle ! et si elle peut être sainte, c’est qu’elle est sanctifiée par Dieu. C’est Dieu qui sauve. Ce n’est pas nous. Ce n’est pas grâce à moi si ça se passe bien dans mon mariage. Ce n’est pas grâce à moi si ça se passe bien dans ma relation avec mes enfants. Il faut quand même que j’y mette du mien ! Mais ce n’est pas moi qui sauve. Il faut que je laisse Dieu agir… Il faut que je lui donne une vraie place. Le but de la famille, c’est le Ciel, faire une cordée ensemble pour gagner le ciel ! pour mon conjoint, pour mes enfants. Laissez chères épouses vos mari être le premier de cordée ? Dans les montées comme dans les descentes. Et quand je suis enfant, aider aussi mes parents et mes frères et sœurs à gagner le ciel. Nous sommes là, les uns les autres, pour nous aider à monter et à progresser vers Dieu.
Et de fait, ce sera un combat que l’on vit chaque jour. Chaque jour on peut offrir notre vie, consacrer notre vie à Dieu. Comme elle est belle cette page d’Évangile ! Jésus est présenté au Temple. Il est consacré à son père, tout entier. Les parents le donnent ! Et Dieu le rend en échange de deux colombes. “Cet enfant t’appartient Seigneur” Voilà ce que Marie et Jésus pensent dans leur cœur. Et nous tous, lorsque nous présentons nos enfants au baptême, est-ce bien cela que nous disons à Dieu ? : “cet enfant t’appartient Seigneur. Il n’est pas pour moi. Il est pour Toi”.
Chacun de nous a été consacré. Nous avons été baptisés. Nous sommes consacrés à Dieu. Alors est-ce que nous acceptons pour autant de le vivre, concrètement ? Du coup, ça va impliquer que nos joies, nous les rendons à Dieu, nous les donnons à Dieu ; elles sont à Dieu, grâce à Dieu ; et que nos peines, nous sommes invités à les vivre en union avec Lui. Avec le Christ sur la croix. Avec Marie au pied de la Croix.
Demandons au Seigneur au cours de cette eucharistie de venir bénir notre famille, de rendre grâce pour tout ce que nous avons relu de beau au cours de cette année 2023 qui s’achève, de s’appuyer sur la grâce du sacrement de mariage pour vivre cette nouvelle année et de puiser dans le sacrement de l’Eucharistie des forces nouvelles. Amen