Il y a 60 ans, pour la première fois un pape, le pape Paul VI, se rendait en Terre Sainte et au jour de l’Épiphanie il se trouvait à la grotte de Bethléem. Voici les mots qu’il prononça : « Nous voudrions Nous adresser simplement : d’abord au Christ, puis à l’Église, enfin au monde ».
Au Christ, en cette fête de l’Épiphanie – qui revêt le double aspect de la manifestation de Dieu et de l’appel des peuples à la foi – Nous présentons d’un cœur humble et modeste, mais sincère et joyeux, l’offrande de Notre foi, de Notre espérance et de Notre amour…. »
Et le Pape fait une belle profession de foi au Christ qu’il nous invite à renouveler dans nos assemblées dominicales tout au long de cette nouvelle année 2024.
A l’Église : « Devant cette crèche, Seigneur, Nous voulons ensuite adresser Notre parole à l’Église, à la tête de laquelle Vous avez voulu choisir Notre pauvre personne comme pasteur universel. Cette parole, la voici, simplement : que l’Église du Christ veuille être aujourd’hui avec Nous et s’associer à l’offrande qu’en son nom aussi Nous présentons au Seigneur. En cette communion réside son efficience, sa dignité et son harmonie avec ces notes qui authentifient la véritable Église. Nous vivons l’heure historique où l’Église du Christ doit vivre son unité profonde et visible. C’est l’heure pour nous de répondre au vœu de Jésus Christ : « Qu’ils soient parfaitement un et que le monde reconnaisse que Toi, Père, Tu m’as envoyé » (Jn 17, 23). À l’unité interne de l’Église correspond à l’extérieur, sa force apologétique et missionnaire. »
Cette unité il l’a mise en route avec le patriarche orthodoxe Athenagoras, et nous aurons l’occasion comme chaque année en ce mois de janvier de prier pour l’unité des chrétiens, dans la semaine du 18 au 25 janvier.
Au monde : « … Nous regardons le monde avec une immense sympathie. Si le monde se sent étranger au christianisme, le christianisme ne se sent pas étranger au monde, quel que soit l’aspect sous lequel ce dernier se présente et quelle que soit l’attitude qu’il adopte à son égard. Que le monde le sache donc : les représentants et les promoteurs de la religion chrétienne ont de l’estime à son égard et ils l’aiment d’un amour supérieur et inépuisable : l’amour que la foi chrétienne met au cœur de l’Église ; celle-ci ne fait pas autre chose que de servir d’intermédiaire à l’amour immense et merveilleux de Dieu à l’égard des hommes.
Cela veut dire que la mission du christianisme est une mission d’amitié parmi les peuples de la terre, une mission de compréhension, d’encouragement, de promotion, d’élévation ; et, disons-le encore une fois, une mission de salut. Nous savons que l’homme moderne met sa fierté à faire les choses par lui-même ; il invente du nouveau et réalise des choses étonnantes. Mais toutes ces réalisations ne le rendent ni meilleur, ni plus heureux ; elles n’apportent pas aux problèmes de l’homme une solution radicale, définitive et universelle. L’homme, Nous le savons encore, lutte contre lui-même ; il connaît des doutes atroces. Nous savons que son âme est envahie de ténèbres et assiégée de souffrances. Nous avons à lui dire un message que Nous croyons libérateur. Et Nous Nous croyons d’autant plus autorisé à le proposer qu’il est pleinement humain. C’est le message de l’Homme à l’homme.
Le Christ que Nous apportons à l’humanité est « le Fils de l’homme », comme il s’est appelé Lui-même. Il est le Premier-né, le Prototype de la nouvelle humanité; il est le Frère, il est le Compagnon, il est l’Ami par excellence. De lui seul on a pu dire en toute vérité qu’« il connaissait ce qu’il avait dans l’homme » (Jn 2, 25). Il est l’envoyé de Dieu, mais ce n’est pas pour condamner le monde, c’est pour le sauver (cf. Jn 3, 17).
Il est le bon Pasteur de l’humanité. Il n’est pas de valeur humaine qu’Il n’ait respectée, rehaussée et rachetée. Il n’est pas de souffrance humaine qu’Il n’ait comprise, partagée et valorisée. Il n’est pas de besoin humain, – exception faite de toute imperfection morale – qu’Il n’ait assumé et éprouvé en Lui-même et proposé à l’ingéniosité et au cœur des autres hommes comme objet de leur sollicitude et de leur amour, et pour ainsi dire, comme condition de leur propre salut. Même pour le mal qu’en qualité de médecin de l’humanité, Il a connu et dénoncé avec la plus énergique vigueur, Il a eu une infinie miséricorde, jusqu’à faire surgir, par le moyen de la grâce, dans le cœur de l’homme, de surprenantes sources de rédemption et de vie.
Eh bien ! qu’on sache de par le monde comment le Christ, qui vit encore aujourd’hui dans son Église, se manifeste au monde à partir de ce lieu, de ce berceau qui marqua son apparition sur la terre. »
A nous aussi de faire parvenir 60 ans plus tard ce message au monde, à la suite de saint Paul VI, à la suite des mages qui sont venus adorer l’Enfant de Bethléem. A condition de repartir en 2024 comme les mages par un autre chemin, dans une recherche de Dieu plus vive, dans une prière plus fidèle, dans une offrande de notre vie au quotidien. Amen.