Mes chers frères et sœurs ! Dieu élève Marie dans la gloire du ciel ! Telle est la signification de la grande fête de l’Assomption que nous célébrons ce mercredi. Il y a certes un parallèle théologique de l’Assomption, qui pourrait nous inviter à faire le lien avec le mystère de la résurrection du Christ, comme nous contemplons dans les mystères glorieux du Rosaire : la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de Marie, mais je voudrais souligner la signification que Marie elle-même donne à cette fête dans le chant du Magnificat, quand elle crie : « Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. ».
Cette élévation ou glorification des humbles et des petits, voilà ce que le Seigneur a accompli pour Marie, son humble servante, cette fille pieuse de Nazareth qui, humblement et dans la foi, a été à l’écoute de la Parole de Dieu pour laisser le Verbe fait chair prendre corps en elle, malgré sa petitesse. Dieu voulut la Vierge Marie à ses côtés, dans la gloire du ciel, parce que Marie l’a d’abord accueilli dans son cœur, un cœur qui croit, dans son sein maternel, avec toutes les douleurs de l’enfantement et de la maternité, et dans son humble et pauvre maison de Nazareth, sans orgueil mais dans l’amour et dans la foi. Cette élévation de Marie, la fille de Sion qui a cru en la Parole qui lui fut dite par l’ange de la part de Dieu, c’est aussi l’élévation des faibles, des humbles, de tous ces croyants persécutés, ces humbles chrétiens humiliés aujourd’hui chez nous et ailleurs dans le monde. Je pense en particulier aux chrétiens persécutés en Orient, dans certains pays arabes, en Afrique, comme au Nigeria par Boko Haram, en RDC… Je pense aussi aux chrétiens qui peuvent être humiliés chez nous en France, parce que malheureusement il leur est parfois difficile de témoigner en France sans s’attirer les foudres des bien-pensants et de tous ceux qui combattent la foi chrétienne.
Marie nous donne l’exemple d’une foi humble. Notre société nous fait oublier que la vertu de l’humilité est une grâce qui n’est pas donné à tout le monde. D’ailleurs, à partir d’Adam et Eve qui ont manifesté leur orgueil contre Dieu, nous constatons que nous, les humains, nous ne sommes pas naturellement humbles. Heureusement que l’Histoire nous donne l’exemple de quelques grands hommes et femmes d’une humilité et d’une simplicité déconcertantes. En cette fête de l’Assomption, nous pouvons demander une grâce pour soi-même, en ce jour : devenir humble comme Marie.
Pourtant, même si nous désirons et prions tous pour devenir humbles, pour grandir dans la vertu de l’humilité comme Marie, Mère de Dieu et notre Mère, curieusement personne parmi nous ne désire être humilié, être méprisé… L’humiliation est une chose négative qui nous vient de l’extérieur, une sorte d’agression de la vie, de l’histoire, des situations difficiles que nous sommes appelés à affronter, par la force des choses, sans le vouloir. Le chômage, la séparation, la maladie, la violence, la guerre, le mépris des autres… voilà différentes choses qui peuvent nous humilier, nous écraser sans pourtant nous faire grandir en humilité !
Marie, cette humble fille de Nazareth était aussi humiliée pour avoir dit oui au Seigneur. Nous pouvons imaginer tous les racontars dans le village, toutes les histoires qui se racontaient derrière son dos, tous ces doigts méchants et menaçants pointés sur elle, la probable condamnation à mort par lapidation qu’elle encourait pour avoir été enceinte avant le mariage… parce que tout le monde croyait qu’elle avait trompé Joseph, alors qu’elle n’avait dit que oui à la Parole du Seigneur. Marie, humble servante du Seigneur, humiliée par les hommes, n’a pas gardé de rancœur, son cœur n’était que pureté et amour. En fait, nous pouvons demander la grâce de la pureté du cœur aussi en cette fête de l’Assomption pour que le Seigneur nous libère des rancœurs et des pensées méchantes qui peuvent polluer notre cœur qui est appelé à être ce lieu où Jésus veut accueilli comme le fit Marie, notre Mère.
Contrairement à Marie, quand nous sommes humiliés, quand notre moi et notre orgueil sont atteints et blessés, nous cherchons à nous défendre, à nous venger, à rendre coup pour coup. C’est cela qui fait naître la haine et la guerre dans les cœurs, dans les familles, les communautés et dans le monde. Quand j’étais novice, notre père maître, le père Constantino Frisia (d’heureuse mémoire !) nous répétait quand on était frustré ou fâché parce que blessé injustement, que tous les grands saints et les mystiques enseignent que les humiliations nous apprennent à être humbles et à grandir en humilité. Celui qui refuse toujours d’être humilié aura du mal à être humble. Pourtant, nous sommes serviteurs et disciples du Crucifié, du Fils de Dieu et de Marie, humilié et mort en croix. Suivre Jésus, c’est porter la croix pour le suivre, c’est accepter les humiliations, comme il nous le montre en mourant pour nous sur une croix comme un criminel.
Sainte Marie, humble Mère de Dieu, humiliée par les hommes sur la Terre mais glorifiée par Dieu au ciel, en cette fête de l’Assomption, prie et intercède pour que tes enfants que nous sommes, obtiennent toutes les grâces dont nous avons besoin pour partager un jour ta gloire, au Ciel, auprès de ton Fils et Notre Seigneur. Amen.