Mes chers frères et sœurs ! Depuis dimanche dernier, nous sommes entrés dans une nouvelle année liturgique, en commençant par ce temps de grâce qu’est l’Avent. C’est comme si sur cette route qui nous conduit à Noël, et qui va durer quatre semaines, il nous fallait déjà faire une pause. En réalité, sur cette route vers Noël, la solennité de l’Immaculée Conception n’est pas une pause. Il s’agit d’une continuité dans le projet de Dieu. En effet, la fête de l’Immaculé Conception, pendant le temps de l’Avent, nous invite à contempler Marie qui nous est donnée comme modèle pour disposer et préparer nos âmes à la venue du Sauveur parce que c’est elle la Mère du Verbe Incarné, Dieu fait chair. C’est dans le sein de Marie qu’a été conçu Celui que nous attendons dans la joie et dont nous préparons spirituellement, voire même matériellement la venue dans nos cœurs, nos familles, nos communautés et dans le monde. Dans cette attente joyeuse et fervente, comme nous le chantons dans le Magnificat, Marie nous appelle à la conversion. Elle se joint aux différentes voix qui, dans les Écritures, comme Isaïe, Jean-Baptiste, nous invitent à préparer notre cœur pour accueillir et faire naître le Maître de la Vie. Dans ce sens, Marie est le modèle de foi et de confiance qui nous est donné, dans cette attente de l’Avent.
La visite de l’ange Gabriel à cette jeune fille de Nazareth ouvre un chemin inattendu qui éprouve la foi de Marie. Cependant, cette annonce de l’ange Gabriel offre à Marie la possibilité et l’occasion d’exercer sa foi de manière active et agissante. Elle veut nous rappeler que, nous aussi, devant le mystère de Dieu qui nous bouscule et semble parfois éprouvant, nous sommes appelés à exercer notre foi pour qu’elle grandisse. Marie réagit à l’annonce de l’ange, non en se résignant ou par un abandon fataliste, mais avec confiance et ouverture, sans résister ni douter car elle a compris que Celui qui l’appelle à cette mission particulière, c’est le Seigneur Dieu lui-même en qui elle a toujours cru et espéré depuis son enfance, un Dieu auquel elle avait promis une virginité perpétuelle et qui, à présent, elle reconnaît comme l’auteur qui lui offre une grâce toute spéciale. Marie est convaincue que ce Dieu qui l’appelle à cette mission sublime, ne l’abandonnera jamais.
Mais, Marie sait bien aussi que cet appel de Dieu lui impose quelques sacrifices, renoncements, mortifications. Elle sait que cette mission divine l’exposera à quelques dangers et adversités, comme le lui rappellera d’ailleurs plus tard Syméon lors de la présentation de Jésus au Temple : «Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre ». Cependant, Marie est convaincue dès le début que ce Dieu qu’elle a toujours aimé et servi la conduira, jour après jours jusqu’à l’accomplissement de cette Parole.
C’est dans ce sens que nous pouvons contempler Marie comme étant la femme de foi qui embrasse l’imprévu et qui affronte les défis du quotidien, ceux d’une foi vécue et nourrie dans la radicalité. C’est dans cette perspective que Marie nous est présentée comme modèle de l’attente et de l’espérance joyeuse, en ce temps de l’Avent : elle concevra Jésus dans son sein parce que touchée par la grâce extraordinaire du Saint Esprit. Malgré les épreuves et les douleurs, l’attente de Marie sera caractérisée par l’espérance et la joie. Sa foi est soutenue et fortifiée par cette certitude qu’elle mettra au monde Dieu-fait-homme. Comment pourrait-elle ne pas être dans une attente fervente, dynamique et joyeuse comme nous pouvons le contempler dans le Magnificat quand elle rend visite à Élisabeth ? La foi, la confiance, la joie en Marie seront accompagnées – et c’est un appel pour nous- par une conversion constante, une ténacité à ne pas démordre devant la tentation de laisser tomber ou d’abandonner la mission que Dieu nous confie quand les choses deviennent plus compliquées et les épreuves plus lourdes.
Notre Mère Marie nous apprend que devant chaque obstacle il faut regarder l’objectif, l’idéal que nous nous sommes fixés au départ pour ne pas nous laisser abattre ni impressionner par les possibles sentiments d’échec et d’impuissance, car c’est Dieu lui-même qui est notre force. Cela se réalise parce que comme Marie, nous cherchons Dieu à tout moment. Cette recherche de Dieu s’appelle « conversion », parce qu’il s’agit chaque jour d’ajuster notre vie, nos paroles et nos actes à la volonté de Dieu comme Marie qui dit « que tout se passe pour moi selon ta Parole ». L’appel à la conversion est au cœur du temps de l’Avent pour préparer notre cœur à devenir, comme le sein de Marie, une demeure pour notre Sauveur.
Pendant que nous contemplons Marie comme modèle en ce temps de l’Avent, nous l’exaltons ce soir comme Immaculée, c’est-à-dire, préservée de tout péché et imperfection. « Pleine de grâce » est l’adjectif avec lequel l’ange Gabriel salue Marie à l’Annonciation. Marie est l’objet de toutes faveurs de la part de son Créateur. Elle a obtenu une absolue dignité, perfection. Pleine de grâce veut dire, comblée de tout bénéfice divin, même celui dont aucun être humain ne peut disposer, c’est-à-dire celui de naître sans la tache du péché originel. Dieu a rendu Marie l’objet de son attention, le lieu de sa suprême prédilection, un être humain dans lequel prend naissance toutes les merveilles de la divinité que nous contemplons dans l’Enfant Jésus, Dieu-fait-homme. Dès sa conception, Marie est immaculée et est venue au monde sans aucune tache. Ce mystère nous rappelle que même si notre humanité est marquée par le péché, la naissance de Jésus en ce monde et notre adhésion à Lui par la foi, dans le baptême nous rendent nous aussi immaculés dans l’Amour pour nous présenter au Père chaque jour comme des offrandes sans tâche. Pour cela, nous devons Lui dire oui chaque jour, dans la Joie, comme Marie quand Dieu est entré dans sa vie, par le biais de l’ange Gabriel.
Dieu est entré dans notre vie par le baptême. Nous lui avons dit oui librement dans la foi comme Marie. Nous sommes appelés à chanter le Magnificat et annoncer cette Bonne Nouvelle autour de nous ! La joie de Marie de se savoir choisie par Dieu a débordé sur Élisabeth. De même, les chrétiens, appelés à partager la dignité des enfants de Dieu, ne peuvent cacher leur joie d’être sauvés. Marie, après l’Annonciation est allée visiter Élisabeth, devenant ainsi disciple-missionnaire annonçant la Bonne Nouvelle. Les chrétiens que nous sommes sont appelés chaque jour à devenir partenaires de l’Annonciation et de la Visitation en apportant la joie chrétienne dans notre monde comme le fit Marie à Élisabeth. Cette joie chrétienne est un don, mais elle est aussi une responsabilité.
Vierge Marie, l’Immaculée Conception, nous te disons merci pour ton oui. Apprends-nous à dire oui de tout notre cœur, comme toi ! Apprends-nous à être dans la Joie, malgré les turbulences de notre vie et à partager cette joie d’être aimés et sauvés avec nos contemporains qui ont tellement faim et soif de ton Fils, comme tu le fis en allant visiter Élisabeth. Marie, obtiens-nous la grâce de lutter contre le péché dont tu fus préservée dès la conception. Marie notre Mère, obtiens-nous un cœur pur qui laisse naître et grandir Jésus ton Enfant, en particulier pendant ce temps de l’Avent. Amen.