Chers frères et sœurs, je vous propose en remplacement de l’homélie que je n’ai pas préparé, ni prononcé ce dimanche, ces deux méditations de tonalité différente mais qui pourront nous faire prier sur l’urgence de se convertir et de regarder notre prochain avec miséricorde et sans jugement.
1-Méditation de Jean-Marie Vianney, curé d’Ars sur l’Évangile de Jésus-Christ selon St Luc 16, 1-13 (25ème dimanche du temps ordinaire)
(Source, EPHATA Fayard p 1129-1130, octobre 1989)
« Faisons-nous des amis dans le ciel : envoyons des bonnes œuvres devant nous ; invoquons les saints ; n’arrivons pas à la porte de l’éternité, les mains vides. Un prince disait : « Je vais mourir, je vais aller dans un pays ou je ne connais personne ! » Nous répondrons du temps perdu, de chaque minute, de nos biens, de notre santé, des grâces dont nous aurons abusé, du bien que nous aurions pu faire et que nous n’aurons pas fait.
Oh ! Qu’au moment de la mort, on regrettera le temps qu’on aura perdu aux plaisirs, aux conversations inutiles, au repos, au lieu de l’avoir employé à la prière, aux bonnes œuvres, à panser à sa pauvre misère, à pleurer ses péchés ! C’est à ce moment-là que l’on voit que l’on n’a rien fait pour le ciel.
Quand on considère tout ce que les saints ont fait… et que nous faisons si peu de chose, presque rien, comment pouvons-nous espérer aller au ciel ? Ah ! C’est qu’ils comprenaient mieux que nous l’importance et la valeur d’une âme et qu’ils aimaient un peu mieux le Bon Dieu que nous ! Voyez, mes enfants, il faut réfléchir que nous avons une âme à sauver et une éternité qui nous attend. Le monde, les richesses, les plaisirs, les hommes passeront, mais l’enfer et le ciel ne passeront jamais… Nous donnons notre jeunesse au monde et nos restes au Bon Dieu, qui est si bon qu’il veut bien s’en contenter. Heureusement que tous ne font pas comme cela…
Jean-Marie Vianney, curé d’Ars
2-Méditation du jour « Maudit argent » Anne Lécu,O.P
Source : Magnificat septembre 2022, p 247-248.
Serait-ce Là un éloge du vol ? La « prise illégale d’intérêt » serait donc une vertu ?
Il n’y a pourtant pas d’ambiguïté. Lorsque tu fais un fouet pour chasser ceux qui marchandent dans la maison de Dieu, Seigneur, c’est assez clair ; oui, l’argent est « trompeur » ou encore « malhonnête ». Il est trompeur, parce qu’avec lui tout se calcule, tout se pèse, tout s’évalue. Il se veut étalon universel de ce qui vaut. Pas de « valeur », même symbolique, même morale, sans la notion d’évaluation, de mesure, et d’une instance qui décide de ce qui vaut et de ce qui ne vaut rien, mais laquelle ? Quant à ceux qui parlent trop souvent de « valeurs », n’est -ce pas parce qu’ils se mettent en place d’évaluateur, de Dieu ?
Au contraire, ton amour n’a rien à voir avec tout cela. Il est incalculable, inaliénable, il ne se mesure pas, ne se pèse pas, ne se mérite pas. Tu aimes les vauriens, la gratuité, le temps perdu ou gagné à refaire le monde avec de bons amis. Tu aimes la légèreté, la poésie, la douce caresse du vieillard sur la main de sa vieillarde chérie. Notre intendant roublard a peut-être compris quelque chose de très important. S’il « gaspille » les biens du maître, au moins, il n’est pas avare. Il sait que l’argent passe, quand l’amitié demeure. S’il tombe par son inconstance, il en profite pour libérer du joug de plus pauvres que lui. Par intérêt, parce qu’il espère taquiner le goujon avec de bons amis sur ses vieux jours ? Peut-être. Par altruisme ? Peut-être aussi. Qui peut en juger, sinon toi, l’unique maître qui n’as jamais pesé tes dons ? Anne Lécu O.P.
Anne Lécu, dominicaine, est docteur en philosophie et en médecine. Elle exerce en milieu carcéral.