Le prophète Amos décrit les effets de la recherche du confort individuel à court terme: c’est la motivation qui pousse les riches à exploiter les pauvres et à faire régner l’injustice et la violence.
Le psaume 145 oppose à cela l’action de Dieu en 8 verbes: au contraire “il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger. Il soutient la veuve et l’orphelin”.
Saint Paul invite Timothée à “garder le commandement du Seigneur, en demeurant sans tache, irréprochable”. Mais quel est ce commandement unique ? “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.” Est-ce que notre amour fraternel et pour Dieu est plus fort que notre recherche du confort ? Attention, pour Jésus et pour un chrétien, l’amour n’est pas d’abord un sentiment, les sentiments sont fragiles, tandis que l’amour du Christ est solide, c’est d’abord une attention à la beauté de l’autre, et la volonté d’entrer en relation avec lui, de lui faire du bien.
La parabole de Lazare nous met dans le concret, elle n’exprime pas de sentiments, mais elle évoque les attitudes d’un riche très riche et totalement incapable de rien faire pour soulager Lazare, malade et affamé. Ce n’est pas le même environnement que nous, mais les causes et les effets sont les mêmes: le riche est sollicité tous les jours par la vue de Lazare, devant sa porte, nous par les “informations” sur les guerres et les misères. Mais notre grand besoin est-il d’être informés ou d’être embauchés pour relever le faible ?
Ce que Jésus dénonce, c’est le luxe étalé, le cœur indifférent à la misère. C’est une insulte aux pauvres et une des causes des migrations qui tuent, en Méditerranée ou en Manche ou en Libye… c’est une destruction de la fraternité qui unit les humains.
Jésus dénonce les cœurs attentifs à l’aspect extérieur, au plaisir solitaire et fermés à la souffrance. Et la joie n’est même pas au rendez-vous. J’ai eu quelques élèves fils de riches, ils n’étaient jamais très heureux.
Des fois je rêve que la publicité, la pub commerciale, par exemple pour les belles voitures, soit réduite de moitié, et porte en dessous un avertissement, non pas “l’excès d’alcool est dangereux”, mais : “l’excès de biens, le luxe est nocif, il désespère les pauvres et ferme votre cœur.” Et que l’autre moitié de la publicité soit réservée aux associations qui ouvrent les jeunes et les moins jeunes à donner leur vie pour les personnes plus faibles, âgées ou malades, ou handicapées ou autre difficulté, en France ou ailleurs. Il y a presque un million d’associations à faire connaître, dont beaucoup travaillent à la solidarité humaine, des associations qui humanisent l’humanité et la divinisent, au lieu de pousser à consommer, et donc à polluer. Si nos vies prennent davantage de sens, il y aura beaucoup moins de dépressions et de suicides.
Les vrai héros de notre temps sont cachés, ce ne sont pas les hommes politiques, ni les chanteurs ni les sportifs dont on parle en général, ce sont des personnes et des associations qui ont à cœur de soulager leurs frères et sœurs, et la planète, d’une façon ou d’une autre, selon leurs compétences. Il faut faire connaître ce qu’ils font de beau.
Notre prière aussi peut devenir plus solidaire. Nous avions Marie Lou et moi, une amie qui écoutait les informations télévisées, puis elle éteignait le poste et demandait au Seigneur: pour qui veux-tu que je prie aujourd’hui ? Et elle le faisait.
L’homme est fait pour aimer et être aimé. Le bonheur de l’homme n’est pas dans le luxe ni la sécurité. Le bonheur de l’homme est dans la relation fraternelle et réussie, avec Dieu, avec les proches et les lointains dont il se fait proche. C’est ce que Jésus a vécu jusqu’à l’extrême et qu’il nous invite à vivre, pour notre bonheur présent et futur.