Le jeune fils exige sa part d’héritage alors que son père est vivant, c’est une façon symbolique de tuer son père, avec qui il a une relation uniquement financière, il ignore complètement son amour, mais s’imagine que le bonheur s’obtient par l’argent et les plaisirs qui vont avec. D’une certaine façon, il représente les publicains et pécheurs qui ne connaissent pas l’amour du Père du ciel, mais aussi bien des personnes qui vivent ainsi aujourd’hui.
Je peux contempler Jésus venu justement révéler l’amour du Père, Jésus pris de compassion pour tous ceux qui ignorent son amour et donc se trompent de chemin.
Le jeune fils parti à l’aventure revient lorsqu’il est affamé, mais il a perdu ses prétentions et veut se présenter en vérité devant son père. Mais pendant son absence, son père lui a tout pardonné, il est maintenant tout à la joie de son retour. Le fils se voit simple ouvrier du père, mais le père n’envisage pas une relation au rabais, il lui coupe la parole.
Je peux contempler la miséricorde du père, qui l’a fait guetter son fils chaque jour, et maintenant courir jusqu’à lui: “il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers”. Le père montre qui il est vraiment, en relevant le pécheur, par son attente, son empressement, le beau vêtement, la bague, le veau gras, la musique, la fête dans les cœurs. La relation filiale est transformée avec d’un côté le don gratuit, sans mérite, de l’autre la découverte de l’amour du père, notre Père.
Le fils aîné, comme les pharisiens et les scribes, est fidèle aux consignes de la maison, mais il ignore complètement, lui aussi, l’amour de son père. Il croit que la justice s’obtient par l’observance minutieuse la Loi, il imagine des rapports entre son frère et des prostituées, il le juge, et il rejette avec violence celui qu’il voit comme un autre fils, mais pas son frère, il dit au père: “ton fils”
Le fils vraiment intéressant n’est ni le jeune aventurier ni l’aîné jaloux, c’est Jésus notre frère aîné véritable. Jésus ne juge personne mais va chercher son frère perdu, Jésus fréquente et guérit les souffrants en tous genres puis les réinsère dans la société, qu’ils soient lépreux ou mendiants, comme les aveugles, les collecteurs d’impôts comme Matthieu ou Zachée, ou les personnes handicapées comme les paralytiques. Jésus est pris de compassion pour tous ceux qui sont mis de côté, pas intéressants, ou bien ignorent l’amour de Dieu et se trompent de chemin. Je peux accueillir Jésus venu révéler aux noceurs, aux pharisiens, aux scribes et à tous les hommes l’amour du Père. Je peux demander à l’Esprit saint cet élan d’amour…
Texte de l’acte de consécration du monde et particulièrement de la Russie et de l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie
«Ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère, en cette heure de tribulation nous avons recours à toi. Tu es Mère, tu nous aimes et tu nous connais : rien de tout ce à quoi nous tenons ne t’est caché. Mère de miséricorde, nous avons tant de fois fait l’expérience de ta tendresse providentielle, de ta présence qui ramène la paix, car tu nous guides toujours vers Jésus, Prince de la paix.
Mais nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. Nous avons enfreint les engagements pris en tant que Communauté des Nations et nous sommes en train de trahir les rêves de paix des peuples, et les espérances des jeunes. Nous sommes tombés malades d’avidité, nous nous sommes enfermés dans des intérêts nationalistes, nous nous sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de la maison commune. Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons blessé par le péché le cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur !
Dans la misère du péché, dans nos fatigues et nos fragilités, dans le mystère d’iniquité du mal et de la guerre, toi, Mère sainte, tu nous rappelles que Dieu ne nous abandonne pas et qu’il continue à nous regarder avec amour, désireux de nous pardonner et de nous relever. C’est Lui qui t’a donnée à nous et qui a fait de ton Cœur immaculé un refuge pour l’Église et pour l’humanité. Par bonté divine, tu es avec nous, et tu nous conduis avec tendresse, même dans les tournants les plus resserrés de l’histoire
Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous, tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. En cette heure sombre, viens nous secourir et nous consoler. Répète à chacun d’entre nous : “Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère?” Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de notre temps. Nous mettons notre confiance en toi. Nous sommes certains que tu ne méprises pas nos supplications et que tu viens à notre aide, en particulier au moment de l’épreuve.
C’est ce que tu as fait à Cana de Galilée, quand tu as hâté l’heure de l’intervention de Jésus et as introduit son premier signe dans le monde. Quand la fête était devenue triste, tu lui as dit : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Répète-le encore à Dieu, ô Mère, car aujourd’hui nous avons épuisé le vin de l’espérance, la joie s’est dissipée, la fraternité s’est édulcorée. Nous avons perdu l’humanité, nous avons gâché la paix. Nous sommes devenus capables de toute violence et de toute destruction. Nous avons un besoin urgent de ton intervention maternelle.
Reçois donc, ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.
Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.
Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.
Reine du Rosaire, réveille en nous le besoin de prier et d’aimer.
Reine de la famille humaine, montre aux peuples la voie de la fraternité.
Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde.
Que tes pleurs, ô Mère, émeuvent nos cœurs endurcis. Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. Et, alors que ne se tait le bruit des armes, que ta prière nous dispose à la paix. Que tes mains maternelles caressent ceux qui souffrent et qui fuient sous le poids des bombes. Que ton étreinte maternelle console ceux qui sont contraints de quitter leurs maisons et leur pays. Que ton Cœur affligé nous entraîne à la compassion et nous pousse à ouvrir les portes et à prendre soin de l’humanité blessée et rejetée.
Sainte Mère de Dieu, lorsque tu étais sous la croix, Jésus, en voyant le disciple à tes côtés, t’a dit : « Voici ton fils » (Jn 19, 26). Il t’a ainsi confié chacun d’entre nous. Puis au disciple, à chacun de nous, il a dit : « Voici ta mère » (v. 27). Mère, nous désirons t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire. En cette heure, l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. Et elle a besoin de se confier à toi, de se consacrer au Christ à travers toi. Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.
Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix. Le “oui” qui a jailli de ton Cœur a ouvert les portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde.
Qu’à travers toi, la Miséricorde divine se déverse sur la terre et que la douce palpitation de la paix recommence à rythmer nos journées. Femme du “oui”, sur qui l’Esprit Saint est descendu, ramène parmi nous l’harmonie de Dieu. Désaltère l’aridité de nos cœurs, toi qui es “source vive d’espérance”. Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de nous des artisans de communion. Tu as marché sur nos routes, guide-nous sur les chemins de la paix. Amen.»
Pape François, le 19 mars 2022