Notre évêque vient de publier une lettre pastorale intitulée « Église famille de Dieu envoyée en mission », et notre équipe d’animation pastorale autour de notre curé, le Père Gibson, a choisi un fil rouge pour les deux années à venir : « vivons une église famille de Dieu, Tous frères et sœurs en Jésus Christ », thème que notre curé bien-aimé annonce en ce dimanche de rentrée paroissiale : on dirait bien que c’est le même Esprit qui conduit notre Église de Toulouse et notre ensemble paroissial ! Un Esprit de famille.
Pour vivre cet Esprit de famille notre évêque aborde deux points : le premier c’est la conversion : « L’Église se reçoit donc d’en haut, de Dieu. Les membres de l’Église sont eux-mêmes re-nés d’en Haut (cf. Jean 3, 3).
C’est pourquoi la première orientation pastorale que je propose est la conversion personnelle et communautaire, autrement dit déployer la grâce sanctifiante reçue au baptême. »
En ce dimanche, l’appel à la conversion est l’appel au pardon entre frères, au pardon de tout notre cœur à l’image du pardon divin que Dieu nous fait en son Fils, de tout son Cœur.
« Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. » L’auteur du Siracide (ou livre de l’Ecclésiastique) n’y va pas par quatre chemins.
Nous pourrions reprendre cette phrase en lui opposant la vie chrétienne : Pardon et paix, voilà les choses admirables que Jésus, le Maître des chrétiens, enseigne à ses disciples, et dont il leur fait la grâce.
Cette semaine en prison, un jeune baptisé d’origine musulmane m’a partagé ce qui lui est arrivé : il avait demandé à un autre détenu de lui rapporter ce qu’il avait cantiné (cantiner signifie acheter de la nourriture, qui ne fait pas partie des repas servis), en lui laissant la consigne : « tu ne le confies à personne si je ne suis pas là ». Le commissionnaire arrive et ne trouve pas le destinataire et sournoisement le voisin de cellule se propose de récupérer le colis pour le donner ensuite à celui qui l’a acheté. Mais quand notre jeune baptisé arrive et qu’il veut récupérer son bien, le voisin l’attend avec un gros bâton dans les mains, en lui disant qu’il ne le rendrait point. Et là la Parole du Seigneur lui revient : ne pas rendre le mal pour le mal, et il préfère aller prier en disant : « Seigneur je pardonne à cet homme, bénis-le : il ne sait pas ce qu’il fait. » L’Esprit lui suggéra de repasser par le commissionnaire et tout fut réglé sans violence.
Le pardon fait vraiment partie de l’esprit de famille des chrétiens, il en est même le cœur de l’expérience chrétienne : Jésus raconte dans l’Évangile de ce dimanche une parabole qui rappelle que nous avons tous une grande dette d’amour envers Dieu, et les grands pécheurs en sont conscients et reconnaissants envers Dieu quand ils se convertissent. Mais nous aussi si nous ne sommes pas tous de grands pécheurs, serions-nous plus grands que la Vierge Marie qui commence pourtant son cantique d’action de grâce par ces mots : « j’exulte en Dieu mon sauveur » ? Préservée du péché par grâce, elle rend grâce d’avoir été sauvée du péché. De même c’est l’expérience de sainte Thérèse : « Je reconnais que sans lui (le Bon Dieu), j’aurais pu tomber aussi bas que sainte Madeleine, et la profonde parole de Notre Seigneur à Simon retentit avec une grande douceur dans mon âme… Je le sais : » celui à qui on remet moins, aime moins « , mais je sais aussi que Jésus m’a plus remis qu’à sainte Madeleine, puisqu’il m’a remis d’avance, m’empêchant de tomber . »
Nous avons donc tous une dette infinie envers Dieu, et la parabole de Jésus nous concerne donc bien tous : « C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Aussi nous ne pouvons pas nous « autoriser » à garder rancune ou colère contre quiconque mais nous sommes invités à pardonner de tout notre cœur toute offense qui nous est faite. Il est vrai que tous les pardons ne sont pas faciles à donner : il faut du temps pour certaines grandes blessures de la vie. Mais le Seigneur nous donne toujours la grâce de pardonner si nous le lui demandons.
En bon Père de famille Dieu nous veut des fils et des filles remplis de l’Esprit de pardon car dans son Royaume nulle place pour la rancune et la colère.
Alors suivons le chemin du psalmiste et des saints qui ont béni le Seigneur pour son pardon et qui l’ont imité : Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses.
Va et fais de même, Église famille de Dieu qui est à Aucamville-Saint Loup-Cammas, tous frères et sœurs en Jésus-Christ…