Le livre de Daniel nous présente la fin des temps : «ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu» et Jésus reprend cela en expliquant que la fin des temps c’est sa venue : « Jésus parlait à ses disciples de sa venue : «En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire.». Nous ne savons pas quand sera le jour de la venue du Seigneur, même si certains pensent qu’elle est imminente, liée aux événements actuels. Prophètes ou faux prophètes nous le saurons si leurs prophéties s’accomplissent ; et si la détresse annoncée nous éprouve, la promesse de la venue de Jésus et de son Royaume soulève notre espérance.
Mais l’incertitude sur les temps de la Parousie ne saurait nous paralyser dans notre vie d’aujourd’hui, celle où Dieu nous attend, dans la foi, la charité et l’espérance.
La charité en ce dimanche qui est journée mondiale du pauvre, c’est de ne pas passer à côté des détresses présentes car Jésus nous attend dans cette rencontre avec les pauvres : «des pauvres vous en aurez toujours avec vous» dit Jésus dans l’évangile de Jean et c’est le thème de cette cinquième journée mondiale du pauvre voulu par le Pape François. Comme il l’explique dans son message : « Jésus est non seulement du côté des pauvres, mais partage avec eux le même sort. C’est aussi un enseignement fort pour ses disciples de tous les temps. Ses mots «les pauvres, vous en aurez toujours avec vous » indiquent aussi ceci : leur présence parmi nous est constante, mais elle ne doit pas conduire à une habitude qui devienne indifférence, mais impliquer dans un partage de vie qui n’admet pas de procurations. Les pauvres ne sont pas des personnes “extérieures” à la communauté, mais des frères et sœurs avec qui partager la souffrance, pour soulager leur malaise et leur marginalisation, pour qu’on leur rende la dignité perdue et qu’on leur assure l’inclusion sociale nécessaire. Par ailleurs, on sait qu’un geste de bienfaisance présuppose un bienfaiteur et quelqu’un qui en bénéficie, tandis que le partage engendre la fraternité. L’aumône est occasionnelle ; tandis que le partage est durable. La première risque de gratifier celui qui la fait et d’humilier celui qui la reçoit ; la seconde renforce la solidarité et pose les conditions nécessaires pour parvenir à la justice. Bref, les croyants, lorsqu’ils veulent voir Jésus en personne et le toucher de leurs mains, savent vers qui se tourner : les pauvres sont un sacrement du Christ, ils représentent sa personne et nous renvoient à lui.»
L’invitation de notre curé et de l’EAP à revenir et à reprendre dans la joie notre vie fraternelle ne saurait se faire sans l’attention aux pauvres dans nos communautés paroissiales, dans nos CPL. Il en est de même dans notre démarche synodale. Nous ne pouvons pas laisser cela seulement dans les mains des «spécialistes», en particulier dans la seule présence du Secours Catholique, bien actif dans notre secteur paroissial, avec l’aide d’urgence du Panier de Castel, l’épicerie solidaire et le jardin solidaire de Saint Alban. C’est d’ailleurs en ce jour la quête impérée pour le Secours Catholique qui lui permet de soutenir ses nombreuses actions pour lutter contre la pauvreté et les détresses de toute sorte.
En conclusion laissons à nouveau la parole à notre Pape : «J’espère que la Journée mondiale des pauvres, qui en est à sa cinquième célébration, pourra s’enraciner de plus en plus au cœur de nos Églises locales et provoquer un mouvement d’évangélisation qui rencontre en premier lieu les pauvres là où ils se trouvent. Nous ne pouvons pas attendre qu’ils frappent à notre porte, il est urgent que nous les atteignions chez eux, dans les hôpitaux et les résidences de soins, dans les rues et les coins sombres où ils se cachent parfois, dans les centres de refuge et d’accueil… Il est important de comprendre ce qu’ils ressentent, ce qu’ils éprouvent et quels désirs ils ont dans leur cœur. Faisons nôtres les paroles pressantes de Don Primo Mazzolari: «Je vous prie de ne pas me demander s’il y a des pauvres, qui ils sont et combien ils sont, parce que je crains que de telles questions ne représentent une distraction ou un prétexte pour s’éloigner d’une indication précise de la conscience et du cœur. […] Je ne les ai jamais comptés, les pauvres, car on ne peut pas les compter : les pauvres s’embrassent, ils ne se comptent pas» (Adesso n. 7, 15 avril 1949). Les pauvres sont au milieu de nous. Comme ce serait évangélique si nous pouvions dire en toute vérité : nous sommes pauvres, nous aussi, et c’est seulement de cette manière que nous réussissons à les reconnaître réellement et les rendre partie intégrante de notre vie et instrument de salut.»