homélie de Père Pierre – 6ème TO C (13/02/22) « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux »

2022-02-13T15:15:41+01:0013 février 2022|

Ce dimanche, proche de la fête de Notre Dame de Lourdes est le dimanche de la santé : il y a trente ans, saint Jean-Paul II institua la Journée Mondiale du Malade. Cette Journée, expliquait Jean-Paul II, se propose d’être pour tous les croyants « un temps fort de prière, de partage, d’offrande de la souffrance pour le bien de l’Église, et une invitation à tous, à reconnaître dans le visage du frère souffrant le Visage du Christ qui par sa souffrance, sa mort et sa résurrection a opéré le salut de l’humanité ».

« Le thème choisi pour cette trentième Journée : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 36), nous dit le Pape François, oriente avant tout notre regard vers Dieu « riche en miséricorde » (Ep 2, 4), qui regarde toujours ses enfants avec un amour de père, même lorsqu’ils s’éloignent de lui. Le témoin suprême de l’amour miséricordieux du Père envers les malades est son Fils unique. Combien de fois les Évangiles nous rapportent-ils les rencontres de Jésus avec des personnes frappées par différentes maladies. Il « parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple » (Mt 4, 23). Nous pouvons nous demander : pourquoi cette attention particulière de Jésus à l’égard des malades, au point que celle-ci devient même l’œuvre principale dans le cadre de la mission des apôtres, envoyés par le Maître annoncer l’Évangile et guérir les malades ? (cf. Lc 9, 2). Un penseur du XX ème siècle, Emmanuel Levinas, nous suggère une raison : « La douleur isole d’une manière absolue et c’est de cet isolement absolu que naît l’appel à l’autre, l’invocation à l’autre »… Comment ne pas rappeler, à ce propos, les nombreux malades qui, durant cette période de pandémie, ont vécu dans la solitude d’un service de soins intensifs la dernière partie de leur existence, certes soignés par de généreux agents de santé, mais éloignés de l’affection des êtres qui leur étaient les plus chers et des personnes les plus importantes de leur vie terrestre ? D’où l’importance d’avoir auprès de soi des témoins de la charité de Dieu qui, à l’exemple de Jésus, miséricorde du Père, versent sur les plaies des malades l’huile de la consolation et le vin de l’espérance. »

L’évangile de ce dimanche nous parle du bonheur et du malheur à travers ces béatitudes de saint Luc, bien différentes de celles de saint Matthieu, qui font écho à la première lecture du prophète Jérémie : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il ne verra pas venir le bonheur, tandis que l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, sera béni ».

On peut tout à fait appliquer à Jésus-Christ ces quatre Béatitudes : lui, le pauvre qui n’avait pas une pierre pour reposer sa tête et qui est mort dans le dénuement et l’abandon ; lui qui a pleuré le deuil de son ami Lazare ; et qui a connu l’angoisse du Jardin des Oliviers ; lui qui a pleuré sur le malheur de Jérusalem ; lui qui a eu faim et soif, au désert et jusque sur la croix ; lui qui a été méprisé, calomnié, persécuté.

En proclamant « heureux » ceux qui vivent ces Béatitudes, à commencer par lui-même, Jésus rend grâce en quelque sorte : car il sait de quel regard d’amour son Père l’enveloppe ; et il sait que la victoire est déjà acquise : la promesse de la Résurrection se profile déjà derrière ces Béatitudes. On voit bien que les guérisons miraculeuses à Lourdes, sont le signe de cette victoire mais on sait que tous les malades ne reviennent pas guéris ; cependant tous peuvent faire l’expérience de la consolation de Dieu, à travers la prière de Marie et de l’Église. Sainte Bernadette, a entendu de Marie ces paroles : « Je ne te promets pas le bonheur de ce monde mais de l’autre.» La santé est un bien, un bonheur de ce monde, et tous n’en sont pas pourvus de manière égale. Nous prions donc particulièrement en ce dimanche, pour que les personnes malades placent leur confiance dans le Seigneur dans leurs années de maladie, pour qu’elles portent du fruit dans leur épreuve, selon l’image du prophète Jérémie, dans leur année de sécheresse : le fruit de la vie avec le Christ est le fruit de l’Esprit que saint Paul nous partage dans l’épître aux Galates : « voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » Et nous n’oublions pas que les malades ont aussi besoin de notre visite ou d’un petit coup de téléphone…