Mes chers frères et sœurs. Notre Dieu est tellement généreux et confiant. Il est le vigneron de l’évangile d’il y a 15 jours qui donne le même salaire -c’est-à-dire la vie éternelle- à celui qui a travaillé une heure… comme à ceux qui ont travaillé toute la journée ! Dieu est tellement confiant qu’il met entre nos mains sa Création et la destinée de l’histoire de l’humanité. Malheureusement, en guise de récompense, il reçoit de nous des insultes, violence et mort ; comme nous le voyions dans notre société où pour montrer que nous sommes intelligents, nous passons notre temps à cracher sur le Seigneur et à tuer tout ce qui peut rappeler sa présence dans l’histoire et dans la société.
Jésus, prenant conscience que sa mission commençait à prendre un mauvais tournant, s’adresse à un auditoire méfiant et hostile, leur proposant presque de se juger soi-même, comme nous l’avons compris dans la parabole de dimanche dernier.. Et pourtant, devant l’hostilité des ouvriers ingrats, violents et meurtriers -que nous sommes parfois- Dieu n’envoie pas une expédition punitive pour nous écraser mais montre sa confiance et sa patience en envoyant son Fils Unique qui, mourant sur la Croix, révèle jusqu’à la fin le dessein de son Père de sauver tous les hommes. Notre Dieu a un cœur plein d’amour et aujourd’hui encore, il nous invite à participer à une grande fête des noces.
Au temps de Jésus, les rabbins parlaient souvent du Jardin d’Éden comme d’un lieu de délices dans lequel les justes d’Israël vivraient en compagnie de Dieu. C’est une vision extraordinaire qui est porteuse de la grande espérance d’Israël et rappelle la beauté et la joie de la fête messianique. Aujourd’hui, pour parler de son Royaume et de la foi, Jésus n’utilise pas d’abord l’image d’une longue veillée de prière. Il ne compare pas la foi chrétienne au silence austère d’un couvent, d’une abbaye ou d’une chapelle. Aujourd’hui, Jésus nous parle de la foi comme une fête, un banquet. Et contrairement aux rabbins, il ne dit pas que ce banquet advient à la fin des temps, mais qu’il est déjà présent. C’est cela que la théologie chrétienne enseigne quand elle nous dit que nous devons goûter à la joie du Royaume déjà dans notre vie présente.
Nous sommes invités à la joie de Dieu, la Joie de l’Évangile, la Joie de la Foi que rien ne peut nous enlever comme dit le pape François. La rencontre avec Jésus doit être une fête bien réussie. La foi chrétienne, qui est rencontre avec le Christ, ne peut être un devoir ennuyeux, une obligation mortifère, une pénitence morbide pour mériter le paradis… N’oublions pas que contrairement à ce que nous pensons parfois, le paradis n’est pas à acheter ! Il est donné gratuitement, comme à ces invités qui vont manger gratuitement sans rien payer ! Il n’y a pas de billet d’entrée pour entrer au ciel, comme on le fait pour aller en boîte de nuit, au cinéma, au stade, à un concert…. La foi chrétienne ne peut pas être une relation parentale dont on veut se libérer au lendemain de nos 18 ans. La foi chrétienne, et c’est à nous de le dire et d’en témoigner, doit être une fête splendide et belle que nous voudrions vivre chaque jour qui passe.
Franchement, en regardant certains chrétiens, je me demande parfois quel génie diabolique nous fait réduire la foi chrétienne à un ensemble de normes, de règles et de lois morales horribles, oubliant qu’elle est d’abord rencontre avec le Christ qui nous aime et nous appelle à la Joie, au Bonheur ! Je ne veux en aucun cas croire en cette religion chrétienne fondée sur la peur, la terreur ; un Dieu qui nous terrorise comme cette fiancée que j’ai rencontrée récemment et dont le rapport à la foi et à l’Église est morbide : rappel de la mort de ses grands-parents, de ses amis… Chaque fois qu’elle est entrée dans une église, c’était pour un enterrement ! Le deuil est pour elle le seul moment où elle est entrée dans une église et pour elle, pénétrer dans une Église, c’est faire mémoire de la mort et des larmes… Ah, je lui ai dit qu’il était temps de commencer à y aller pour la joie, gratuitement, sans contrainte ! Je lui ai dit que je ne croyais pas non plus en ce Dieu qui lui rappelle la mort… mais en un Dieu qui m’appelle à la Joie de vivre !
La parabole que nous venons d’écouter aujourd’hui mélange plusieurs plans. Elle nous raconte d’abord le refus des invités : « « Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce ».’ Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce, les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent ». Eh oui, aujourd’hui encore, nous avons mille excuses pour ne pas venir à la fête de la Foi : fatigue du dimanche matin : nous travaillons tellement la semaine que le dimanche nous nous reposons ! Nous faisons le sport dimanche matin, le footing, la grasse matinée… pour nous défouler du stress de la semaine. Vendredi soir à Castelginest, une petite jeune de l’aumônerie m’a dit qu’elle ne venait pas à la messe ce dimanche parce qu’elle avait déjà prévu une fête à Balma ! On le voit, même au catéchisme et à l’aumônerie, les enfants ont des agendas tellement remplis de mille activités qu’il y manque un espace à consacrer au Seigneur. S’il reste un petit créneau libre, on peut aller au catéchisme, à l’aumônerie… Dommage que Notre Seigneur qui nous invite à la fête, soit relégué à l’accessoire qui reste dans nos agendas…
Nous avons dix mille raisons pour ne pas prier, pour ne pas laisser Dieu entrer dans nos vies. Nous préférons parfois le repos, la fête, la musique, le sport, les loisirs… au Seigneur, en témoignent les raisons que nous avançons pour ne pas aller au KT, à l’aumônerie, à une veillée de prière, à la messe, aux diverses propositions qui nous permettraient de grandir dans la foi. Nous sommes tellement affairés, tellement pris par tant de choses que nous laissons l’Essentiel à côté. Du coup, nous passons à côté de la vraie fête. Nous sommes passionnés pour tout le reste… et nous oublions ce Dieu passionné qui nous invite à faire la fête et être dans la Joie avec lui. Et c’est gratuit !
Mes chers frères et sœurs ! Cette parabole que nous venons d’écouter rappelle que notre relation au Christ est une fête qui donne la joie. En ce début de la semaine Missionnaire mondiale, rappelons-nous que les disciples que nous sommes feront naître au Christ de nouveaux et nombreux disciples seulement dans la mesure où ils verront en nous des hommes et des femmes dont la joie est contagieuse, une joie enracinée par celui qui est mort sur la croix, mais qui est vivant en nous chaque jour, quelle que soient les situations que nous traversons. C’est cela être missionnaire : transmettre aux autres notre joie d’être en fête chaque jour avec Jésus, l’Époux fidèle qui nous aime. Que le Seigneur nous donne de vivre vraiment cette eucharistie comme le banquet où le Christ lui-même se donne à nous. Amen.